Juliette, une femelle dugong à la robe grise, fait son entrée au musée en attendant l’arrivée de son petit.
Il y a quelques mois, un dugong pêché dans le lagon de Mayotte a été récupéré par la Brigade de la Nature Océan Indien et envoyé au Muséum d'Histoire Naturelle de La Réunion.
En plusieurs morceaux, l'animal s'avérait difficile à naturaliser.
Il est alors décidé d'en faire une sculpture, à la dimension réelle de l'animal, avec les empreintes de sa peau.
Pour ce faire, le Conseil Général, qui œuvre à la valorisation et à l’enrichissement du patrimoine par des actions de conservation, d’étude, de restauration et de diffusion auprès du public, a fait appel à un spécialiste français de la taxidermie et des sculptures des grands mammifères : Jack THINEY, taxidermiste au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris. A la retraite depuis fin 2010, après 43 ans de maison, il se consacre aujourd’hui à l’enseignement et donne régulièrement des cours de sculpture (école des Beaux-arts de Versailles, Muséum, etc.).
La formation est au cœur de son séjour car il a également formé à cette technique, le taxidermiste du Muséum ainsi qu'une technicienne du Natural History Museum de Victoria aux Seychelles, suivant les accords de coopération passés entre le Conseil Général de La Réunion et les Seychelles.
Aujourd’hui, la sculpture du dugong, considéré comme le mammifère marin le plus menacé, est achevée. Il reste les finitions et la sculpture du bébé dugong qui sera présentée aux côtés de sa mère.
Le public les découvrira lors de la réouverture du musée avant la fin de l’année.
L’ambition de la collectivité initiée par Nassimah DINDAR est de contribuer au rayonnement de la culture sous toutes ses formes et de permettre son partage. Cette nouvelle recrue au muséum viendra enrichir la collection déjà bien fournie du muséum et incitera le plus grand nombre à pénétrer à l’intérieur de cet établissement du Conseil Général.
Rencontre avec Juliette ZELIME – Apprentie taxidermiste au muséum d’histoire naturelle de Victoria
Je suis à La Réunion depuis 3 semaines. J’ai pu effectuer le dépouillage d’oiseaux, moulage et j’ai eu la chance de participer à la réalisation du dugong. En tant qu’apprentie taxidermiste au Muséum d’histoire naturelle de Mahé, c’est une formidable opportunité pour moi de participer à cette formation. Aujourd’hui, les spécimens attrapés aux Seychelles sont conservés mais bientôt je pourrai donner une nouvelle vie à ces animaux. Je tiens à remercier le conseil général et le muséum, c’est une bonne initiative de faire partager les savoirs et d’apprendre les techniques. Mais il faut continuer, car on ne devient pas taxidermiste en quelques semaines !
Rencontre avec Salim ISSAC, taxidermiste du Muséum d’Histoire Naturelle de La Réunion
Comment avez-vous trouvé cette nouvelle formation ?
C’est toujours un vrai plaisir de travailler avec Jack. C’est un perfectionnement par rapport à ce que j’ai appris. Je découvre de nouvelles techniques comme la reconstitution, celle utilisée pour le dugong… A chaque fois qu’il vient, j’apprends, je m’améliore ; c’est la quatrième fois que je peux suivre son enseignement et c’est toujours enrichissant.
Quel a été votre parcours ?
Après un Bac Pro électrotechnique, j’ai travaillé quatre ans au Zoo de Saint-Denis. Puis j’ai entendu que le muséum voulait former un taxidermiste local. Cela a toujours été ma passion, alors j’ai postulé.
J’ai eu un contrat emploi jeune pendant 5 ans et depuis 2007, je suis le taxidermiste du muséum. J’ai effectué deux mois de formation à Paris, un mois au muséum de Paris et un mois au muséum d’Orléans.
Puis, j’ai suivi encore 8 mois de stage avec des restaurateurs de taxidermie venant à La Réunion à l’invitation du Conseil Général que je remercie, et plus particulièrement la Direction de Ressources Humaines, qui me donne les moyens de progresser et de devenir meilleur.
Quels sont vos projets à cours terme ?
Pour être un bon taxidermiste, il faut 10 ans de pratique ; je ne me considère pas encore comme un bon ; je suis les formations, je m’améliore et quand j’ai une sommité comme Jack qui vient, je suis ravi et je prends tout ce qu’il peut m’apporter. J’espère aller l’année prochaine en métropole pour un perfectionnement pour les oiseaux ; pour moi, ce sont les animaux les plus intéressants avec les poissons, requins, dauphins. J’espère m’occuper avec Jack, de Jungo le tigre qui est mort récemment au Zoo, il a déjà été dépouillé, l’année prochaine mais cette fois-ci en utilisant la peau.
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