Aujourd’hui, l’émotion était palpable sur le site du Lazaret 2, l’occasion de découvrir un site riche, riche d’une histoire peu connue mais ô combien troublante, celle d’engagés ayant vécu pendant plusieurs jours ensemble et ayant partagé leurs us et coutumes pour transmettre et faire vivre leurs racines.Michèle CANIGUY, Conseillère Générale déléguée à la Culture, représentait Nassimah DINDAR, Présidente du Conseil Général, a expliqué que : « C’est une page essentielle de l’histoire de La Réunion qui s’est jouée ici car beaucoup de nos ancêtres ont séjourné dans ce lieu de quarantaine. Les bâtiments situés sur le Lazaret 2 sont mieux préservés que ceux du Lazaret 1.
Le site par contre a été, quant à lui, modifié par les crues de la ravine. Le Conseil Général poursuit ici son engagement à rendre l’histoire aux Réunionnais et son action sur la conservation et la valorisation du patrimoine réunionnais. C’est le premier chantier archéologique que mène la Collectivité et nous l’avons confié à une jeune archéologue réunionnaise Anne-Laure DIJOUX qui prépare son doctorat. Il est réalisé en partenariat étroit avec les services de l’Etat car soumis à une réglementation rigoureuse. L’archéologie est très récente à La Réunion, elle a moins de deux ans et elle apporte beaucoup pour connaître l’histoire de l’île. Nous avons prévu dès le départ, sachant qu’il y avait un cimetière, de faire intervenir le Groupe de Dialogue Interreligieux et des associations culturelles. Une cérémonie aura lieu avant toute intervention sur les ossements. Il faut donner du temps à la recherche, du temps à l’analyse, viendra ensuite le temps de la diffusion des connaissances acquises».« A travers le chantier du Lazaret 2, ce sont les archives du sol qui sont explorées afin d’enrichir encore plus la connaissance du peuplement de La Réunion, qui fait écho à d’autres lieux de l’île. De plus, ces recherches sont connues dans la zone océan Indien et il sera possible d’écrire collectivement l’histoire des émigrés du 19ème siècle » a précisé Catherine CHANE KUNE, Directrice du Service Culture et Sports au Conseil Général. « Ce chantier du Lazaret 2 est un chantier d’insertion impliquant les habitants de la Grande Chaloupe. Depuis un mois, ce sont 10 contrats CUI qui interviennent sur le site et nous avons également accueilli plusieurs étudiants bénévoles. Rendez-vous dans quelques mois pour connaître la suite du projet » a conclu Michèle CANIGUY.
Anne Laure DIJOUX, archéologue, a 27 ans. Après un BAC ES au lycée de Saint-Benoît, cette palmiplainoise s’est rendue en métropole et a poursuivi ses études à l’Université de Paris I en archéologie. Aujourd’hui, elle prépare sa thèse qui portera sur le marronnage dans l’océan Indien.
Est-ce une vocation l’archéologie ?
Oui, toute petite j’adorais fouiller dans la terre et fièrement j’emportais à mes parents tous les objets que je pouvais trouver ! C’était un réel plaisir, le contact de mes mains avec la terre, le suspens et enfin, l’objet trouvé qui allait récompenser mes efforts.
Les fouilles du lazaret 2, c’est ta première mission ?
Non, j’ai travaillé sur le site de Saint-Paul où j’ai découvert les esclaves, puis la vallée secrète à Cilaos avec les premiers habitants, des esclaves marron.
Quel est ton objectif aujourd’hui ?
Terminer ma thèse et en projet quelque chose qui me tient à cœur « le marronnage dans l’océan Indien ». Mais une chose est certaine, je veux rester à La Réunion.
Combien de temps passes-tu sur le site du Lazaret ?
Je travaille de 08h30à 16h30. C’est vraiment excitant. Pendant trois semaines nous n’avons rien trouvé. Les premiers ossements humains ont été découverts le 16 septembre.
La manipulation scientifique est encadrée et elle nous permettra de savoir l’origine géographique des individus. La problématique des fouilles est qu’il faut ouvrir des fenêtres de 2m sur 2m, il faut faire très attention. D’après les premières constations, les personnes enterrées ici l’ont été de manière assez urgente, suite très certainement à des maladies contagieuses. L’archéologie apportera des réponses et confirmera ou infirmera l’histoire. Les fouilles se termineront fin octobre, puis il sera décidé si elles seront poursuivies ou pas. Le premier rapport sera remis au cours du premier semestre 2013. Le but premier de ce chantier est d’avoir une approche différente, de nous informer comment était la vie pendant la quarantaine ».
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