La commémoration du 150 e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, qui a débuté en 1998, n’a pas fini de nous livrer toute sa richesse et sa force créative. Grâce à son exposition au musée de Villèle, sur le thème “les femmes et l’esclavage...”, Ann Marie Valencia ouvre une porte sur une facette peu connue de cette période difficile que notre île a vécue jusqu’à la libération de 1848.
Les femmes ont pourtant joué un rôle essentiel dans le peuplement de notre île et dans l’émergence de son identité culturelle multiple. L’Histoire, bien souvent, n’a retenu d’elles que quelques noms, des figures marquantes de la période esclavagiste, qu’elles fussent issues du bon côté du joug, telle Ombline Desbassayns, ou du mauvais côté, comme Héva fuyant aux côtés d’Anchaing la férule des maîtres et des commandeurs.
L’immense majorité des femmes ayant subi dans leur chair le poids de ces années d’obscurantisme ont cependant sombré dans un anonymat d’où Ann Marie Valencia les sort pour rappeler, si besoin était, leur contribution à la naissance de la société réunionnaise qui est la nôtre en cette fin de siècle.
Les toiles de l’artiste, par leur puissance, recollent une partie de notre histoire brisée et permettent à ces anonymes de s’incarner et de retrouver une présence réelle dans notre coeur. Le lien rompu se refor-me et aide à mieux assumer le passé pour construire l’avenir.
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