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Archivée : "Madhubani" 2000 Imprimer Envoyer

madhubani

 

Constituée à l’initiative du Conseil Indien des Relations Culturelles (ICCR), la collection regroupe quarante œuvres réalisées, pour la grande majorité d’entre elles, par des femmes peintres qui vivent et travaillent à Madhubani, région du Mithila et qui appartiennent à trois castes distinctes, les Brahmanes, les Kayasths et les Dusadhs.



 



En Inde comme en Afrique, les années 60 marquèrent l’avènement de mouvements artistiques qui revendiquaient à la fois l’affirmation d’une identité propre, l’héritage et l’omniprésence de traditions encore vivantes, et, sans ambiguïté aucune, la valeur économique qu’ils pouvaient générer dans un contexte social particulièrement difficile.
A l’opposé des conceptions occidentales et européennes, de l’art pour l’art, de la reconnaissance individuelle de l’artiste, de la mode iconoclaste et de la prééminence du discours sur l’image, la peinture Madhubani comme d’ailleurs la peinture Tingatinga, s’affiche avec modestie et humilité. C’est avant tout un art de masse où s’expriment, à partir d’un vocabulaire apparemment limité et constitué de motifs répétitifs, une incroyable diversité des formes et des compositions, une richesse créatrice libre, aussi simple que spontanée. En vérité, la peinture de Mithila n’a ni prétention artistique ni volonté d’imposer de manifeste.
Elle est l’expression d’une tradition religieuse, le faire-valoir d’une culture. Quelle leçon d’humilité pour nos artistes d’ici et là ou ceux qui se présentent comme tels et qui confondent naïvement originalité avec talent, et plus grave encore, provocation avec génie!
Bien sûr, parmi les femmes peintres de Madhubani, se démarquent certaines fortes personnalités telle Ganga Devi, artiste renommée qui s’est imposée - ou a été imposée - dans les milieux artistiques internationaux. Toutefois, malgré les apparences, la quête de la célébrité et la reconnaissance acquise du statut d’artiste, doivent surtout servir la cause d’une culture collective et de traditions communes. A Madhubani, l’artiste, au sens occidental du terme, est avant tout un artiste aux pieds nus. Avec respect, il s’efface devant les valeurs spirituelles et religieuses qu’il défend et qui lui permettent d’exister socialement.
Enfin, si la peinture Madhubani repose à l’origine sur une pratique exclusivement féminine qui se transmettait de mère en fille, depuis quelques années déjà, en raison de son succès commercial et de sa reconnaissance au niveau international, les hommes se sont appropriés les clefs de ce langage artistique et populaire. Aux visiteurs de l’exposition de juger de la différence des productions ! Gageons toutefois que la génération masculine saura avec autant d’humilité, respecter cet héritage matriarcal et ajouter à la richesse du répertoire parfaitement maîtrisé, l’originalité d’un style propre.

 

 

Un musée au carrefour des cultures

 

 

 

Le musée de Villèle est un mythe. Sa place et sa complexité ne résident pas tant dans la richesse de ses collections - qui au demeurant s’amplifient, s’organisent et se diversifient au fil du temps - que dans la richesse de l’histoire dont il est porteur, la richesse de ses murs. A l’image d’une représentation kaléidoscope de l’identité culturelle de La Réunion, il a été un point de rencontre obligé de destins individuels et collectifs. Des gens et des populations d’origines géographiques variées, issus de milieux culturels différents, sont venus de gré ou de force tisser la trame d’une histoire insulaire dont les prémices ne remontent pas au-delà du XVIIe siècle. Cette histoire est aussi celle d’un domaine colonial, contenant et contenu du musée actuel. Cependant la vocation historique de ce patrimoine muséal ne doit pas se limiter à la vie et la mort de son ancienne propriétaire qui hante les lieux, Madame Desbassayns - géniale figure mythique de l’inconscient réunionnais - mais lui confère bien au contraire, une dimension plus universelle qui se situe aux limites de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie.

 

 

 

Présence indienne à La Réunion

 

 

 

La présence d’émigrés indiens à La Réunion remonte pratiquement aux origines du peuplement de l’île. Dès 1786, un missionnaire, le père Bernardin, recense des Indiennes de Goa, Portugaises des Indes mariées à des Français. Au XVIIIe siècle et jusqu’en 1826, des esclaves indiens sont introduits à Bourbon mais l’essentiel de la population servile est originaire de l’Afrique de l’Est et de Madagascar. C’est après l’abolition de l’esclavage en 1848, avec l’essor de la canne à sucre, que les planteurs de l’île recrutent un nombre important d’engagés indiens qui viennent à la fois du sud de l’Inde, depuis les comptoirs français de Pondichéry et de Karikal, et du nord du sous-continent, à partir notamment de Calcutta. Parmi ces nombreux immigrants, quelques 48 911 personnes arrivent à La Réunion entre 1851 et 1883. Si la grande majorité d’entre eux est tamoule, ces nouveaux immigrants sont essentiellement hindous mais aussi musulmans et appartiennent pour la plupart aux castes inférieures des travailleurs agricoles.

 

 

 

Une fenêtre sur l’Inde

 


Depuis plusieurs années, le musée de Villèle a entrepris, grâce à une politique d’expositions temporaires, un voyage dans le temps et dans l’espace, tentant avec plus ou moins de succès et quelquefois de façon hasardeuse, une quête soutenue de ce que l’on pourrait appeler les cultures d’origine. Après “ Rencontre Anjouan-Réunion ” (1), “ Mauriciana ou deux siècles de trésors ” (2), “ Tingatinga ou les Makua de la modernité ” (3), la présente exposition sur la peinture populaire du Bihar (nord de l’Inde) affirme le lien évident mais aussi les différences entre les traditions religieuses et culturelles de l’Inde et celles perpétuées à La Réunion et renouvelées.

 

Remerciements

 


L’exposition Madhubani, art tribal de l’Inde est présentée aujourd’hui aux cimaises du musée historique de Saint-Gilles-les-Hauts grâce à une fructueuse collaboration avec le Consulat de l’Inde et plus particulièrement à la détermination constante de son Consul, Madame Banashre BOSE HARRISON, qui achève cette année sa mission diplomatique sur notre île. C’est le meilleur gage qui soit d’une volonté partagée de générer et d’entretenir des relations culturelles entre l’Inde et le département français de La Réunion. Formons le vœu que ces échanges ne pourront que se développer et s’intensifier pour s’inscrire dans la durée. La présentation de l’exposition n’aurait pu se faire sans le soutien indispensable du Conseil Indien des Relations Culturelles et de son directeur, Monsieur Himachal SOM qui est à l’origine du projet d’itinérance des œuvres. Grâce à sa contribution scientifique, le docteur Jyotindra JAIN, directeur du Crafts Museum, a accepté la gageure de présenter succinctement une étude des plus pertinentes sur l’histoire de la peinture Madhubani, du contexte anthropologique et culturel de ses origines et de son développement.
Nos remerciements vont aussi aux artistes MADRIKA Devi et Bhushan CHANDRAN qui ont accepté notre invitation afin de venir à La Réunion pour quelques jours et donner à voir leurs savoir-faire, parler de leur culture et découvrir les milieux artistiques locaux ; à Noël THOMAS, qui nous offre avec “ Impressions Indiennes ” un regard vrai et plein de respect sur les pratiques religieuses tamoules aux abords du musée et propose, en quelques clichés, une superbe vision colorée de l’Inde à La Réunion, et plus particulièrement à Villèle.
Enfin notre reconnaissance va à Monsieur Laurent de GAULLE, attaché culturel à l’Ambassade de France de New Delhi qui a facilité l’obtention des visas des peintres. Que tous ceux qui de près ou de loin ont apporté leur contribution au projet, trouvent ici l’expression de notre plus profonde gratitude.

 

Le mariage d’Arjuna et de Draupadi

 
 
 
 
 
 
 
  Département de La Réunion - Président Cyrille MELCHIOR.

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