Du 19 mai au 30 septembre 2012, le musée de Villèle vous a donné rendez-vous avec Saint-Expédit
Respecté par les catholiques et par les pratiquants de la religion tamoule, Expédit est un légionnaire romain converti au christianisme, mort supplicié et persécuté à Mélytène en Arménie en 303.
Il est celui qui guérit, celui qui aide à trouver du travail. Son culte est très populaire dans l’île et de nombreux oratoires, des lieux de dévotion de couleur rouge jonchent les routes réunionnaises.
Annie DECUPPER a souhaité, à travers ses photographies, montrer les nombreux visages de ce Saint, une «galerie de portraits» dans des cadres rouges de petit format, comme les images saintes accrochées sur les murs des cases de ceux qui ont besoin d’avoir la représentation de leur(s) idole(s).
Saint Expédit ne laisse pas indifférent et le propos de cette exposition est de s’interroger sur cette présence, sur la multiplicité de ses représentations, la diversité de ses apparences et de ses usages à La Réunion.
Quel meilleur endroit que Villèle où le sacré est très présent pour organiser cette exposition ! «Dans l’existence où s’affrontent toujours bonheur et malheur, quand l’individualisme des uns rend plus lourde la solitude des autres, il y a le visage ami de saint Expédit, celui qui a le pouvoir d’exhausser les vœux. Ange ou démon, il est, et sera éternellement disponible » souligne Annie DECUPPER.
Du 19 mai au 30 septembre 2012, « Saintes figures », un arrêt sur image sur ce ti Bondyé, l’un des plus énigmatiques de l’île.
Musée de Villèle - Saint-Gilles les Hauts - 02 62 55 64 10
Saint Expédit ne laisse pas indifférent. Il suscite de la crainte ou de la curiosité chez celles et ceux qui ne lui adressent pas de prières. Je fais partie de ceux là, mais je n’ai pas peur de saint Expédit. Bien qu’il soit présent dans d’autres régions du monde, le rapport assez singulier que les Réunionnais entretiennent avec lui m’a donné envie de le connaître.
Je le découvre au bord d’une route, caché dans son oratoire, seul, avec la Vierge Marie, saint Michel ou représenté en multiple habillé en soldat romain. A vrai dire, je ne les regarde pas de très près, ces statues en plâtre, je les vois toutes semblables, même costume, même croix dans une main, la palme du martyr dans l’autre. Mais lorsque j’entre dans la chapelle de la « rue saint Expédit », située juste à côté de chez moi, j’ai une révélation.
Réunies sur un autel, je ne peux que constater qu’elles ont bien un visage différent. Ainsi, je pars à la recherche de ces saintes figures. A travers l’objectif de mon appareil photo, je me rapproche au plus près du saint, visage triste, sévère, vieux, androgyne, adolescent…
Avec leur figure d’angelot certains saint Expédit paraissent rassurants alors que d’autres inquiètent.
C’est pourquoi je prends le parti pris de ne photographier que le visage.
L’image ne donne pas d’explications, elle donne juste à voir. Une « galerie de portraits » que je montre dans des cadres rouges de petit format, comme les images saintes accrochées sur les murs des cases de ceux qui ont besoin d’avoir la représentation de leur(s) idole(s).
Je rentre dans l’univers du saint, puis, au fur et à mesure de la progression des images dans l’intimité du croyant. Choisit-il son saint en fonction de sa physionomie ? Il lui apporte des fleurs, des offrandes, serait ce une forme d'attachement teintée de respect ? Toujours seul lorsqu’il s’adresse à saint Expédit, il lui confie ses tracas comme il le ferait à un confident, avec l’espoir que celui-ci lui apportera la solution tant espérée. Dans l’existence où s’affrontent toujours bonheur et malheur, quand l’individualisme des uns rend plus lourde la solitude des autres, il y a le visage ami de saint Expédit, celui qui a le pouvoir d’exhausser les voeux. Ange ou démon, il est, et sera éternellement disponible.
