Gran 20 Désamn : 3 questions à Béatrice Sigismeau - 2024

18 déc. 2024

Gran 20 Désamn 

3 questions à Béatrice Sigismeau : « Nous voulons toujours faire du Gran 20 Désamn une fête populaire ! »

Le 19 désanm le musée de Villèle accueillera les Réunionnais pour commémorer l’abolition de l’esclavage. Comme chaque année, c’est un programme riche qui sera proposé avec des expositions, des colloques, des concerts, des visites guidées… début des festivités, le 19 décembre à partir de 17H00. 

Depuis plusieurs années déjà, le Département a fait du Gran 20 désanm, une fête populaire. Est ce qu’il est important que les Réunionnais se réapproprient leur histoire ? 

Depuis 2018, le Département a voulu, à l’occasion des 170 ans de l’abolition de l’esclavage, donner une ampleur particulière à cette date du 20 désamn. Dès lors, lorsque notre collectivité annonce en cette même année 2018, son projet de faire du musée de Villèle un grand musée d’histoire dédié à la connaissance du monde de l’habitation et de l’esclavage à La Réunion, elle décide dans le même temps de l’organisation, sur ce site hautement emblématique, d’un Gran 20 Désanm.

Ce pari d’un grand événement mémoriel, solennel, festif et populaire, pour commémorer une date majeure de notre histoire, était audacieux. Ce pari a pourtant été largement tenu puisque d’année en année, l’invitation faite aux Réunionnaises et aux Réunionnais de célébrer ensemble le 20 Désanm a été de mieux en mieux accueillie jusqu’à rassembler, en 2022, plus de 12 000 participants.

Beaucoup d’associations  participent à ces commémorations, il est important pour la collectivité et les élus de fédérer les habitants du quartier autour de ce Gran 20 Désanm ?

Effectivement, nous avons plusieurs associations qui participent aux commémorations. Une quinzaine au total. Il y a ainsi « Kan Villèle » qui œuvre depuis 31 ans dans le quartier pour faire un travail de mémoire sur l’histoire de l’esclavage. Les membres de cette association se chargent de la fabrication des 30 cases en paille qui reconstituent le camp des esclaves.  Autre exemple, celui de l'association « Ti bwa » qui nous emmène à découvrir ou redécouvrir le goût des traditions culinaires d’antan comme le gâteau patate, manioc ou encore le soso maïs avec rougail tomate. « Ou encore, le Cercle des Muséophiles de Villèle » qui développe notamment des actions pédagogiques en direction dans les écoles de la commune de Saint-Paul et de la microrégion ouest. Cette année, l’association a collaboré avec des classes de CM1-CM2 sur des projets  autour de l’histoire de Saint-Paul et de celle du musée de Villèle. Le 20 Désanm marmay  s’est déroulé le 13 décembre et a permis  à 250 écoliers de montrer le travail qui a été effectué tout au long de l’année à travers des ateliers de moring, de chant ou encore de tissage.

Le musée de Villèle deviendra d’ici quelques années le musée de l’habitation et de l’esclavage. Quel est le rôle que vous envisagez pour le futur musée ?

Le futur musée est pensé pour avoir un rôle central dans la préservation et la diffusion de l'histoire de l'esclavage comme du patrimoine culturel lié à l’esclavage. Il n’existe pas aujourd’hui d’établissement éducatif ou culturel dédié à cette fonction pourtant essentielle. Ce musée se positionnera donc comme un lieu de référence dans cette thématique. Autrement dit, il a vocation à développer une activité de recherche, en lien avec l’université de La Réunion, avec des centres de recherche extérieurs, avec les sociétés savantes…Car si la recherche a beaucoup progressé au cours de ces dernières décennies, la question est loin d’être épuisée, et nous pensons que le musée peut être le lieu de nouvelles dynamiques sur le plan scientifique.