Portrait de Marina Sophiana :« Les fleurs c’est toute ma vie ! » - 2025

18 mars 2025

Marina et les fleurs, c’est une histoire qui dure depuis plusieurs années. Pour exercer sa passion, l’horticultrice s’est installée sur les hauteurs de la Possession du côté de la Ravine à Malheur. Des fleurs mais aussi des plantes aromatiques sont cultivées sur un terrain qu’elle a dû construire de ses mains. Ce petit bout de femme porte son exploitation à bout de bras tout en gérant sa vie de famille. Un métier et une passion pour lesquels elle se bat chaque jour ! 

Comment êtes-vous devenue horticultrice ? 

Moin la toujour planté depuis que moin lé petite. J’ai perdu ma maman à l’âge de 13 ans. C’est ma tante qui s’est occupée de moi et elle ne m’a pas laissée aller à l’école. I fallait aller travay pou gaign in ti monaie. J’ai fait des petits boulots ensuite au décès de ma tante, j’ai décidé de faire une remise à niveau avec une section agricole. A 24 ans, j’avais enfin trouvé ma voie et j’étais enceinte de mon premier enfant. Après mon CAP, j’ai continué à travailler. 

Comment est née votre entreprise « Pépinières Lafleur » ?

J’avais besoin d’un petit terrain pour commencer mon activité. La commune de la Possession m’a donné une parcelle au niveau de la Ravine à Malheur. Au début j’ai eu un bail de trois ans. J’ai dû faire énormément de travaux. Construire un chemin pour accéder à la parcelle. Comme le terrain était en pente, j’ai créé des paliers. J’ai pu prolongé mon bail ce qui m’a permis de commencer mon activité en 2008. Je suis très fière d’avoir pu aller au bout de mon projet car j’ai tout fait moi-même avec mes économies.  J’aime ce que je fais. C’est dur, il y a énormément de travail, on ne s’arrête jamais. On fait les semis, les boutures, le rempotage, l’entretien des plantes… ce n’est pas évident mais même si je suis un ptit bout de femme, je m’en sors. Mon mari m’aide mais c’est moi qui assure l’essentiel de l’activité. « Pépinières Fleur » propose toutes sorte de fleurs comme géranium, anthurium et des plantes aromatiques comme le thym, persil, oignons vert ou la sauge. Là moin néna pour projet installe des serres solaires pour diversifier mon activité.

Justement, il y a la vie de famille et l’activité professionnelle, ce n’est pas trop compliqué ?

Moin néna trois zenfants de 25 ans, 20 ans et 11 ans. Un de mes enfants souffre de crise d’épilepsie, ce qui est un peu plus compliqué. Comme toutes les femmes, cela demande beaucoup d’organisation. Mi dois occupe mon exploitation, mes enfants et surtout met en place mes ventes sur les différents marchés de l’île. Tout ce qui mi vend lé en pot et en agriculture raisonnée. Mi fé quatre marchés dans la semaine, le marché du Port, de la Possession et le dimanche le marché des producteurs à côté téat Saint-Gilles. Mi participe aussi aux marchés péï du Département au Jardin de l’Etat. Maintenant nou travay en famille puisque moin la pris ma fille en apprentissage. Elle m’aide et apprend le métier.

Moin la eu des moments difficiles comme le cyclone Bellal mais le Département la accompagne a moin pour remettre mon exploitation en état. Aujourd’hui mi veut continuer travay en famille même si tout lé pas facile, mi tiembo. Mi aime occupe mon band fleur, met la main dans la terre, c’est mon destin, c’est là que mi sent moin bien !