« Entre Chants de canne et champs de coton » : Faire résonner les mots et la musique des esclaves du monde
Etre esclave sur le domaine de Marie Anne Thérèse Ombline Desbassayns ou être esclave dans une plantation de coton en Virginie cela fait-il une différence ? Non répondent Christine Salem et Déborah Herbert, tout comme la musique, la souffrance est universelle et celle de l’esclavage terriblement similaire quelque soit l’endroit où les coups de fouets ont été donnés.
Il y a ces voix qui raisonnent en cœur sur le domaine de la famille Desbassayns. Une première voix celle de Christine Salem, cette voix unique qui se reconnaît entre toutes. La diva du maloya est en résidence au Musée de Villèle depuis maintenant plusieurs mois. Celle qui revendique ses racines malgaches et comoriennes porte aussi en elle l’âme de ses ancêtres esclaves. Pendant longtemps, la colère l’a emporté et Christine a toujours refusé de chanter le 20 dessamb, une date sacrée à laquelle aucune fête ne pouvait être associée. Depuis peu, elle est moins torturée et cette année elle a même commémoré la fin de l’esclavage.
Dans son projet de résidence, son chant, sa musique elle l’a voulu comme un partage avec une autre grande dame, l’artiste américaine Déborah Herbert. Deux cœurs qui chantent à l’unisson dans un lieu porté par une histoire lourde. Cette résidence prend une dimension particulière pour ces deux femmes issues d’une culture héritée de la période de la traite négrière. D’où ce parallèle avec les champs de canne et de coton et ces chants qui se recomposent pour vibrer à l’unisson. Une première représentation en novembre a déjà permis à des enfants d’écouter au cœur de la Chapelle Pointue, les complaintes de Christine et de Déborah, le résultat de cette douloureuse inspiration. Les habitants du quartier ont pu eux-aussi plonger dans cette mystique atmosphère. Ces deux là étaient faits pour chanter le maloya ensemble après un coup de foudre qui s’est produit à Copenhague où vit Déborah Herbert, où a chanté Christine Salem. Onze titres ont été mis en commun avec les percussions d’Ary Périgone. Pour cette restitution de résidence, un lieu unique et deux artistes « entre chants de canne et champs de coton ». Le dimanche 14 janvier à la Chapelle Pointue de Villèle, Christine Salem et Déborah Herbert iront danser sur la tombe de Madame Desbassyns.