Réfléchir aux enjeux liés aux changements climatiques dans les territoires insulaires c’est ce qu’ont pu faire trois équipes d’experts du 25 septembre au 8 octobre 2021 dans le cadre des rencontres internationales de maîtrise d’œuvre urbaine. A l’origine de cette initiative, l’Agence Française de Développement (AFD) en partenariat avec la Région, le Département, la CIVIS, le TCO et la CIREST. Des rencontres qui ont donné lieu à un débat et à une restitution dans l’Hémicycle du Département le 8 octobre, en présence entre autres de Pierre-André Périssol, Président des Ateliers Internationaux de Maîtrise d’œuvre Urbaine, ancien Ministre et Maire de Moulins, de Marie-Pierre Nicollet, Directrice de l’AFD à La Réunion et de Camille Clain, Vice-présidente du Département, déléguée à l’Environnement et au Développement Durable. Comment adapter les territoires insulaires dans le contexte de changement climatique? Les Ateliers et l’AFD ont proposé à trois équipes de plancher sur la question. Recul du trait de côte, dépendance aux énergies fossiles, réserves foncières limitées, autosuffisance alimentaire réduite, vulnérabilité de l’écosystème, ressources limitées… tous les territoires insulaires sont confrontés à ces problématiques. D’où l’idée pour les organisateurs de faire de La Réunion un laboratoire de recherche qui permettra de nourrir les échanges et retours d'expérience entre tous les partenaires de la zone océan Indien. C’est dans l’Hémicycle du Palais de la Source que les trois équipes ont rendu publiques leurs conclusions sur les thématiques des effets du changement climatique, des dangers et atouts de l’île de La Réunion et des stratégies d’adaptation devant un jury qui a pu échanger et écouter les propositions de chaque équipe. Un jury présidé par Pierre-André Périssol, Président des Ateliers de Cergy, Camille Clain, vice-Présidente du Département déléguée à l’Environnement Durable, Maya Cesari, conseillère régionale déléguée à l’innovation, Monique Marimoutou-Tacoun, vice-Présidente de la Communauté Intercommunale Réunion Est (CIREST) déléguée à l’aménagement, a pu échanger et écouter les propositions de chaque équipe. Des équipes qui ont planché sur différentes problématiques comme la préservation des espaces naturels et les terres nourricières tout en accueillant la croissance démographique et urbaine de manière abordable, ou comment associer la population et mobiliser les savoir-faire ancestraux et la mémoire à la réparation et l’entretien préventif du territoire pour le préparer aux risques, etc. Ou encore sur quelles opportunités construire une innovation insulaire spécifiquement réunionnaise et des filières offrant des réponses au défi climatique ?
Des professionnels du monde entier, tous bénévoles ont apporté leurs contributions à cet atelier. Un travail qui a débuté bien en amont. Après avoir étudié les données du réchauffement climatique à La Réunion et le contexte géographique, économique, sociale… les équipes ont effectué des missions dans l’île et ont échangé en présentiel ou en visioconférence.
Rééquilibrer le territoire Réunionnais
Des tables rondes avec des partenaires professionnels, institutionnels et académiques ont permis de faire émerger des questions qui traversent l’atelier international. L’atelier qui s’est tenu pendant quinze jours, du 26 septembre au 8 octobre, a notamment été consacré à des visites de terrain à Saint-Denis, Saint-Benoit, Saint-Leu et Saint-Louis. Parmi les questions abordées dans cet atelier, les inégalités sociales et les déséquilibres territoriaux. La moitié des Réunionnais vit avec moins de 1 150 euros par mois. Outre la pauvreté, La Réunion doit faire face à des déséquilibres géographiques. L’Ouest offre des plages et une eau calme, est riche de son tourisme et d’une activité économique dynamique. L’Est, terre agricole avec beaucoup de pluie et peu de projets structurants, présente moins d’attractivité. On constate donc que le grand basculement démographique et économique de l’Ouest vers l’Est n’est lui pas entamé, mais dessine une perspective d’avenir plus équilibré pour l’île. Autre problème, la saturation des infrastructures. Avec une perspective de plus d’un million d’habitants en 2040, le territoire et les écosystèmes sont sous une pression anthropique constante. Gestion des déchets, des routes… des problématiques qui mettent en lumière la limite de ce qu’un territoire fini peut donner et recevoir en termes de ressources et de polluants et questionne la pérennité du modèle de développement insulaire de ces dernières décennies à La Réunion. Pour Camille Clain, Vice-présidente déléguée à l’Environnement et au Développement Durable, « malgré une urbanisation croissante, nous avons pu préserver des poumons verts au cœur des villes comme le Jardin de l’Etat à Saint-Denis. Préservation mais aussi verdissement puisque de plus en plus d’acteurs s’engagent en matière de plantation d’arbres à l’image du Département et son plan 1 million d’arbres ». Cet atelier international est une première étape qui sera complété par un programme de travail collectif à l’échelle de l’océan Indien avec les autres territoires. L’objectif est de tirer les enseignements et proposer des perspectives pour les territoires insulaires de la région à partir des résultats produits par l’atelier de La Réunion.
Composition du jury
o Pierre-André Périssol, Président des Ateliers de Cergy, o Camille Clain, vice-Présidente du Département déléguée à l’Environnement et au Développement Durable o Maya Cesari, conseillère régionale déléguée à l’innovation o Monique Marimoutou-Tacoun, vice-Présidente de la Communauté Intercommunale Réunion Est (CIREST) déléguée à l’aménagement o Ericka Bareigts, maire de St-Denis o Jacques Lowinsky, adjoint au Maire de Saint-Denis, premier vice-président de la CINOR o Jean-Paul Euzet, conseiller municipal de Saint-Leu o Mdere Salime, Premier Vice-président du Conseil Départemental de Mayotte o Les équipes techniques de la Région, du Département, de la CIREST, de la CIVIS, du TCO et de la Commune de Saint-Leu o AGORAH (Benoit Pribat, Co-directeur) o Autres partenaires : DEAL, Parc national, école d’architecture de La Réunion, Pacte de transition, etc
L’Atelier « Territoires Insulaires »
L’atelier « Territoires Insulaires » est une initiative de l’Agence Française de Développement et de son département « Trois Océans », qui a souhaité mener un travail en commun avec Les Ateliers, pour étudier les problématiques spécifiques à l’adaptation des territoires insulaires face au changement climatique avec tenir compte des spécificités de chaque territoire insulaire dans l’océan Indien tout en valorisant l’intégration régionale. Les Ateliers de Cergy sont une association à but non lucratif créée en 1982. En France ou dans d’autres pays, le réseau international de professionnels, d’universitaires et de décideurs, apportent aux maîtres d’ouvrage un regard international et des propositions illustrées sur la stratégie territoriale et les projets d’aménagement urbain.