Cérémonie de commémoration et de recueillement ce samedi 11 novembre au Lazaret de la Grande Chaloupe, propriété du Conseil départemental depuis 1946. Le dernier et le plus emblématique des lieux de quarantaine pour les travailleurs venus d'Inde, de Chine, d'Afrique, de Madagascar et du Vietnam, accueillait la cérémonie du vingtième anniversaire de l’hommage aux travailleurs engagés de La Réunion.
Ils étaient venus nombreux pour partager et vivre cette commémoration. Procession vers la mer, expositions, recherches généalogiques, village associatif, visites guidées du parcours botanique, de l’ancienne gare ferroviaire, musique, danse, …, une journée pour rendre hommage aux engagés, une journée pour ne pas oublier.
Cyrille Melchior, Président du Conseil départemental, participait à cette célébration organisée par le Département et le collectif constitué d’associations qui œuvrent à la promotion des cultures du peuplement Indiaocéanique de l’île (la Fédération tamoule, la Fédération des associations chinoises, les associations Kafpab, Zangoun et Miaro).
A ses côtés, Jérôme Filippini, Préfet de La Réunion et les conseillères départementales Jeanne Hoarau, Fabiola Lagourde et Brigitte Absyte.
Dans son intervention, Cyrille Melchior a rappelé que la Grande Chaloupe, était une page majeure du peuplement, une trace vivante du patrimoine de La Réunion « Cet acte de mémoire, organisé le 11 novembre, a été initié en 2003 par la Fédération Tamoule, et à ce titre, elle doit en être sincèrement et chaleureusement remerciée. A présent, il est le lieu d’une démarche collective qui unit des acteurs du monde associatif, institutionnel, académique...Ce temps de mémoire est celui de l’humanité réunionnaise. Nous sommes réunis, toutes communautés spirituelles et culturelles confondues, sur un lieu emblématique de notre Histoire. Ce site est unique et précieux parce qu’il évoque l’esprit d’échange et de partage de ceux qui ont fondé, enrichi et consolidé les fondations plurielles de notre société réunionnaise, de son identité culturelle et aussi de son unité. Fragile unité, mais unité vraie. Ici, c’est un paysage sensible qui se donne à voir, à comprendre et à admirer. Ce sont des traditions populaires, culturelles ou cultuelles, qui perdurent. C’est un des visages de notre destinée réunionnaise. Merci encore à vous tous pour ce moment de recueillement et de méditation, sur le passé et sur notre présent. Plus que jamais, cette réflexion partagée nous invite à nous interroger sur les valeurs que chacun d’entre nous doit porter, avec les autres, pour continuer le bien-vivre ensemble ».
Pour le Préfet, « Cette cérémonie est un temps de recueillement et un travail de mémoire pour tous les travailleurs engagés venus de ces continents lointains, de ces terres lointaines. Cette histoire est celle de l’engagisme en général, elle est liée à la fin de l’esclavage, liée au peuplement de l’île. Rien ne doit être oublié. Mais avec le recul du temps, cette commémoration est aussi l’occasion de contempler le chemin parcouru, les défis qui ont été relevés et les opportunités que nos ancêtres ont relevées. Les descendants des engagés, vous êtes les Réunionnais d’aujourd’hui, attachés à notre île, à votre culture, insérés dans la société, fiers de partager ce vivre ensemble bien sûr. Il s’agit d’un équilibre endémique et comme la biodiversité de l’île, c’est un équilibre fragile, fragile entre le respect des cultures, le respect de l’autre, l’ouverture à la tolérance sans lesquelles il n’est pas de liberté commune. Le 11 novembre, nous devons tous être ensemble, aux cérémonies patriotique et départementale qui marquent l’armistice, la fin de la 1ère guerre mondiale, et nous devons tous être ensemble, ici pour cet autre 11 novembre tellement important pour La Réunion. C’est pourquoi le 11 novembre à La Réunion, nous devons célébrer deux fois notre histoire et nous devons prendre part aux deux cérémonies. Vive la mémoire des engagés, vive la Réunion et vive la France ».
Il est également à souligner que le Préfet de La Réunion et le Président du Département n’ont pas manqué dans leurs discours de condamner de la façon la plus ferme les actes détestables commis à l’encontre de la communauté tamoule, des faits d’ignorance et de mépris de l’autre qui portent atteinte aux valeurs réunionnaise et française, celles du respect, de la tolérance qui symbolisent cette cérémonie et cette société réunionnaise.