J'ai entendu depuis plusieurs jours la population réunionnaise qui s'exprime. Il faut y accorder toute notre attention et toute notre écoute, tant sont profondes les difficultés que rencontrent nos concitoyens dans leur vie de tous les jours.
Ce mouvement de colère portée par les gilets jaunes au plan national prend à La Réunion une dimension particulière, du fait :
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d’un niveau de pauvreté hors normes, qui touche plus de 40% de la population
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des handicaps structurels liés à l’insularité et à l’éloignement qui impactent le coût de la vie pour l'ensemble des Réunionnais.
Dans ce contexte, les mesures de rigueur prises par le gouvernement au plan national fragilisent un tissu économique et social réunionnais déjà extrêmement précaire.
La réduction drastique du nombre des contrats aidés laisse sans solution d’insertion une grande part de la jeunesse réunionnaise, durement touchée par le chômage.
L’augmentation de la fiscalité, notamment la CSG, réduit fortement le pouvoir d’achat en particulier pour les travailleurs pauvres, les retraités et les classes moyennes.
Les contraintes imposées par l’Etat sur les budgets des collectivités locales mettent les élus locaux dans l’impossibilité de répondre à l’aggravation de l’urgence sociale.
Le Département quant à lui conduit depuis de nombreuses années une politique très volontariste. Il agit aux côtés des Réunionnais et notamment des publics les plus en difficulté :
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pour l’insertion des jeunes (chantiers d’insertion, aides à la mobilité, aides à la création d’activités, accompagnement social renforcé...),
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pour le pouvoir d’achat des personnes âgées et vulnérables ( chèque santé, pass transport…),
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pour le développement de l’activité et de l’emploi (soutien aux travaux et à l’investissement, au développement de l’agriculture...).
En outre, soucieux de ne pas ajouter à la pression fiscale, la collectivité s’est attachée ces dernières années à ne pas augmenter le niveau des quelques impôts locaux dont elle fixe les taux ( taxe sur le foncier bâti, droits de mutation).
Il s’agit aujourd’hui de répondre à la colère des Réunionnais de façon responsable, en prenant en considération les revendications légitimes portées par la population, notamment sur le plan fiscal, et en les portant d’une seule voix auprès du gouvernement.
Les élus de La Réunion, Maires, Parlementaires, Conseillers Régionaux et Conseillers départementaux doivent agir ensemble pour faire en sorte que le gouvernement prenne réellement en compte les difficultés et les retards structurels de La Réunion.
La considération par l'Etat de la réalité de nos difficultés est la condition de l'apaisement que j'appelle de mes voeux.
Enfin je tiens à saluer le travail des pompiers du SDIS974 dans leurs missions de protection de la population et regrette les difficultés auxquelles ils peuvent être confrontés dans l'exercice de ces dernières.
Si la colère des Réunionnais est légitime et doit absolument être entendue, rien de saurait toutefois excuser les exactions commises par les groupes de casseurs.