L’incroyable histoire du chemin de fer !
Difficile d’imaginer aujourd’hui que La Réunion a vécu la folle aventure du chemin de fer dans un passé, pas si lointain. Une liaison Saint-Benoit – Saint-Pierre qui desservait 13 gares, quasiment un arrêt par ville, permettait aux hommes et aux marchandises de circuler. Les Archives Départementales de La Réunion vous proposent de replonger dans cette fantastique aventure ferroviaire avec une exposition dédiée à cette épopée d’un autre temps et pourtant tellement d’actualité. L’ouverture au public s’est faite le vendredi 16 septembre 2022, en présence de Béatrice Sigismeau, Vice-présidente du Département, Jean-François Nativel, conseiller départemental, Lise Di Piétro, responsable des Archives, Eric Boulogne de l’association Ti train et des nombreux partenaires qui ont contribué à la réussite du projet.
« Cette exposition est une plongée dans l’histoire ferroviaire de La Réunion. Une histoire qui a débuté en 1858 avec le premier projet de chemin de fer à traction hippomobile, marquée par l’inauguration en 1882 de la ligne de 126 km qui relie Saint-Benoît à Saint-Pierre », précise Béatrice Sigismeau, Vice-présidente en charge de la culture devant la parterre d’invités présents pour le vernissage de l’exposition Titrain lontan. C’est effectivement un retour dans le passé que proposent les différentes personnes qui ont contribué à cet événement : Eric Boulogne de l’association Ti Train, éminent spécialiste du sujet, les artistes Lionel Lauret et Laurent Pantaléon ainsi que l’équipe des Archives départementales.
« Aussi, aujourd’hui, à travers les œuvres de Lionel Lauret et de Laurent Pantaléon, et sous la plume d’Eric Boulogne, nous vous invitons à vous replonger dans l’histoire de cette épopée réunionnaise », explique Béatrice Sigismeau. Un voyage immersif puisque grâce à l’ingéniosité de la vidéo, le visiteur monte à bord d'un wagon, s'assoit sur une banquette et voit défiler le paysage d’époque sur une mise en scène signée Lionel Lauret.
« L’association Ti train nous a permis de récupérer dans les anciens tunnels de la Grande Chaloupe les armatures de banquettes du train ; armatures qui ont été recapitonnées par l’atelier Défi du Conseil départemental », précise Lise Di Piétro, responsable des Archives.
Un voyage également en chansons avec un juke box et des musiques sélectionnées par Laurent Pantaléon et laissées au libre choix des amateurs de vieux ségas. A découvrir également la restitution de la résidence de Laurent Pantaléon, un documentaire sur le Ti train enrichi de témoignages d’anciens cheminots.
Une prouesse technique et humaine
Une exposition plus que jamais d’actualité comme l’a rappelé la Vice-présidente, « Cette exposition nous invite à plonger dans notre passé, mais aussi à nous questionner sur notre avenir. A l’heure où les enjeux relatifs aux déplacements durables et collectifs sont au cœur des politiques publiques, ce ti train nous rappelle que La Réunion a su être un précurseur de projets majeurs sur ces questions. Nous devons savoir nous en inspirer et faire confiance en l’inventivité réunionnaise. »
Les travaux ont duré 4 ans (1878-1882) pour 126 km de ligne, 41 ponts métalliques, 14 ponts en maçonnerie, des dizaines de ponceaux, aqueducs et tranchées. De nombreux ouvriers y ont laissé la vie dont notamment des Piémontais venus d’Italie pour travailler sur la construction. L’ouvrage n’en reste pas moins une prouesse technique notamment avec la construction de ponts ou encore le percement de la falaise de la Montagne.
Saint-Benoit/Saint-Pierre en 11h51, un voyage qui nécessite pratiquement la journée avec un arrêt de plusieurs heures à Saint-Denis ou à Saint-Gilles. Fort heureusement, tout au long du trajet les voyageurs pouvaient dans les différentes gares acheter pistaches grillées, fondants et autres sorbets de lait.
Pendant près d’un siècle, le chemin de fer a façonné l’histoire économique, sociale et culturelle de La Réunion, c’est ce que les visiteurs pourront découvrir dans cette fabuleuse exposition.
Le 17 février 1954, le préfet Pierre Philip déclare : « la difficile exploitation du CRR (Compagnie du Chemin de Fer) et ses désastreuses conséquences financières nous conduisent à supprimer le chemin de Fer… » Le 5 mars 1976, l’inauguration de la route du Littoral met fin à l’aventure ferroviaire de la Réunion.
Les ouvriers de la mine
« Il faut pénétrer dans le ventre de la montagne pour admirer les vaillants travailleurs qui percent, dans les ténèbres, ignorés, humbles soldats du progrès, le tunnel qui rivalisera avec les plus grands travaux de ce genre. Piémontais, Araves d’Egypte et d’Aden, Soumalis, Français, Créoles, Malgaches, Cafres, toutes les races se trouvent confondues dans le même labeur, travaillant tous d’une égale ardeur à l’achèvement de cette grandiose entreprise… »
Extrait du journal « Le Moniteur de La Réunion », mercredi 26 novembre 1879.
« Titrain lontan, l’aventure ferroviaire de La Réunion », aux Archives Départementales jusqu’au 28 juin 2024.
Partenaires : Direction des Affaires Culturelles (DAC) ; Service Régional de l’Inventaire (SRI) ; la Phonothèque Historique de l’Océan Indien (PHOI) ; l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) ; l’Association Ti Train.
Source :
Le chemin de fer de La Réunion : 100 évènements
Eric Boulogne – Editions Arts Terres Créoles