L’hémicycle du Département a accueilli les acteurs du travail social et leurs partenaires, ce jeudi 21 mars dans le cadre de la Journée Mondiale du Travail Social qui se déroule chaque année le 19 mars. Au programme de cette journée, une conférence sur le travail social face aux défis d’aujourd’hui et une table ronde avec pour thème : comment le travail social peut contribuer à la transition écologique, au développement durable et à la solidarité.
En 2018, on comptait 1,3 millions de travailleurs sociaux en France Métropolitaine. En 2015, à La Réunion, ils étaient environ 15 000. Ce sont essentiellement des femmes à 90 % qui exercent la profession de travailleur social. Une profession qui est confrontée depuis plusieurs années à des critiques sur son utilité et son efficacité puisque les problématiques sociales ne cessent de prendre de l’ampleur.
La Journée Mondiale du Travail Social initiée en 1983 au siège des Nations Unies est l’occasion de braquer les projecteurs sur ce métier. Cette journée permet de souligner les réalisations du travail social, de rendre visible l’importance des services sociaux dans les futures sociétés humaines et de défendre la justice sociale et les droits humains. Ici, dans notre île, cet événement s’est déroulé sur deux séquences, une le 19 mars au CNFPT au portail Saint-Leu et l’autre le 21 mars dans l’hémicycle du Palais de la Source avec des échanges organisés par le Comité Local du Travail Social et du Développement social de La Réunion (CLTSDS)et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) sur le thème « Buen Vivir » : un avenir partagé pour un changement transformateur. Plusieurs associations étaient présentes pour animer la table ronde : Ankrake, Kazbabar, Juliette au pays des marmailles et la SREPEN. D’autres structures comme le PRE (Programme de réussite Educative) de Saint-Denis, la Maison Départementale de Saint-Louis.
Le Comité Local du Travail Social de La Réunion (CLTSDS) est un engagement du Conseil Départemental de La Réunion qui a candidaté et qui a été retenu pour piloter la création du CLTSDS rattaché au Haut Conseil du Travail Social (HCTS). Créé en 2018, il est le seul CLTSDS outremer. Une soixantaine de membres sont répartis au sein de cinq collèges. Des membres représentatifs des institutions, des associations, des organismes de formation des travailleurs sociaux, des personnes accompagnées et accueillies. Une mobilisation qui a pour but de mieux se connaître pour mieux se comprendre, de partager la vision des problématiques sociales locales pour une action adaptée concertée, de valoriser les pratiques et les expérimentations du territoire, de co-construire l’intervention sociale et l’accompagnement de demain et de porter les réalités et les spécificité de La Réunion auprès du Haut Conseil du Travail Social (HCTS) et des autres CLTSD. L’objectif est donc de relever les défis et les préconisations du Livre Blanc du travail social rédigé en 2023, une meilleure reconnaissance et valorisation des métiers pour répondre à la crise aigüe d’attractivité avec entre autre la valorisation des salaires. Il s’agit aussi de faire évoluer le secteur du travail social dans sa diversité pour mieux répondre aux aspirations de ses membres et des personnes accompagnées.
Témoignage :
Yanna MARTIN, Educatrice spécialisée
La Journée Mondiale du Travail Social a aussi été l’occasion d’écouter le témoignage de Yanna Martin, éducatrice spécialisée à la Maison Départementale du CRESA (Cilaos, Rivière Saint-Louis, Etang-Salé et Avirons).
« Avec plusieurs partenaires comme la Maison Départementale de Saint-Pierre/Petite Ile, le CCAS de Cilaos ou encore la Croix Rouge, nous avons travaillé durant une année sur un projet d’accompagnement de huit familles. « Kan nou lé bien, lé gadiamb’ avec marmailles ». L’objectif était de leurs montrer comment prendre soin d’elles en se reconnectant avec la nature. Il s’agissait aussi de valoriser le savoir et les compétences des familles. Pour se faire, nous avons fait appel à Raymond Lucas, le spécialiste des plantes médicinales. Il s’agissait d’emmener les familles du côté des traditions en utilisant les plantes que les anciens utilisaient. Raymond Lucas a ouvert cette porte des connaissances, ce qui a permis de réveiller chez ces familles des souvenirs, une manière aussi de perpétuer la tradition. Nous les avons emmené pendant trois jours à Cilaos et on leur a proposé diverses activités pour qu’ils aillent mieux. Elles ont pu profiter des Thermes, de séances de boxe peinture, de yoga et de soins avec une équipe de socio-esthétique. Il y avait les éducateurs pour l’encadrement, des espaces de jeux et de détente pour les enfants. Pour moi, c’est une très belle expérience, une bouffée d’oxygène et un ressourcement puisqu’on est confronté chaque jour à la souffrance et aux difficultés des familles. On aime notre métier et même s’il faut donner de notre temps personnel, on le fait avec beaucoup de plaisir. »
