Le 26 septembre dernier s’est tenu au palais du Luxembourg à Paris, le colloque sur le logement en Outre-mer. Le thème de cette journée : « Les territoires, clé de l’efficience des politiques de l’habitat ». Un colloque organisé par l’Association des Communes et collectivités d’Outre-mer (ACCD’OM) en partenariat avec l’Union sociale pour l’habitat Outre-mer (USHOM). Les élus des territoires ultra-marins, les parlementaires, l’Etat ainsi que les professionnels du secteur étaient présents. La collectivité était représentée par Jeannick Atchapa et Serge Hoareau, Vice-présidents du Département de La Réunion et président de l’association des maires de La Réunion.
Pour l’Union Social pour l’habitat Outre-mer, le contexte inflationniste induit une surenchère sur les coûts de revient des logements. S’ajoute à cela une situation sociale particulièrement détériorée par les impacts de la crise Covid et du conflit Russo-Ukrénien.
Face à ces enjeux, le soutien de la puissance publique au secteur est primordial pour le développement économique et social des territoires ultra-marins. C’est dans cette perspective que les représentants du Département ont fait le déplacement au Sénat. Ces derniers ont rappelé que nos territoires sont confrontés à des problématiques qui appellent des réponses adaptées. Il s’agit en effet d’un enjeu prioritaire autour duquel toutes les forces en présence doivent se rassembler pour relever ce défi qu’est le logement social ultramarin.
A La Réunion, les chiffres sont alarmants. Selon la Fondation Abbé Pierre, plus de 100 000 Réunionnais sont mal logés. Par ailleurs, près de 17 000 logements privés sont repérés comme insalubres. Dans ce contexte, les élus de La Réunion ont rappelé les problématiques les plus prégnantes comme la production et la réhabilitation insuffisantes de logements sociaux : 25 000 familles réunionnaises primo accédantes sont en attente d’un logement social.
Concernant les crédits d’impôts, il faudrait étendre le périmètre d’intervention pour permettre aux bailleurs sociaux de procéder à la réhabilitation d’un plus grand nombre de logements. Aujourd’hui, seuls sont concernés les logements situés en zones prioritaires de la politique de la ville.
Autre obstacle, un foncier aménagé disponible de plus en plus cher qui se raréfie. Des opérations de logements, pour certaines, insuffisamment insérées dans les villes et leur environnement. Un déséquilibre géographique pour l’Est et le Sud.
Réhabiliter 4 000 logements une nécessité !
A noter également, un manque de petits logements T1 et T2 correspondant à la typologie actuelle des familles. Un vieillissement accéléré de la population qui nécessite des adaptations importantes de notre parc. L’inadéquation entre le coût de construction ou de réhabilitation, le niveau des loyers et les capacités financières des ménages. Une augmentation inquiétante du taux de financement du logement social. Sans se soustraire à la réglementation, les élus du Département souhaitent un allègement et une simplification concernant les normes parfois contraignantes de construction. Les prix des matériaux déjà élevés à cause de l’insularité subissent une flambée aux conséquences dramatiques avec des constructions à l’arrêt. Il faudrait que l’Etat prenne des dispositions pour atténuer les coûts engendrés par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine.
Autres problématiques, les difficultés d’accès à la propriété pour un grand nombre de locataires. Un nombre de logements privés diffus en attente de travaux d’amélioration. Une LBU insuffisamment fluide et agile notamment pour les opérations d’amélioration de l’habitat. Et pour finir, de moins en moins d’outils et de moyens au service des élus et du territoire pour l’aménagement et la construction de logement.
« Avec 100 000 personnes encore mal logées et 35 000 demandes de logements sociaux en instance, en tenant compte des 10 000 demandes de mutation, le vieillissement de notre population, la faiblesse des revenus, le mal logement demeure une réalité sur l’île. Le doublement de la production d’opération d’amélioration de l’habitat en passant d’une production annuelle de 2 000 à 4 000 par le Département est plus qu’une nécessité. Les bailleurs sociaux doivent intensifier leur production de logements neufs et réhabilités. C’est une question de dignité pour nos compatriotes », a conclu Jeannick Atchapa. Nos représentants ont rappelé la nécessité de redonner aux élus le pilotage des outils locaux d’aménagement et de construction. Il est aussi nécessaire de proposer des solutions diversifiées qui répondent à l’ensemble des usagers, personnes âgées et personnes en situation de handicap.