Une femme portant sur son dos son enfant, une esclave « fugitive » en quête de liberté. Cette broderie posée dans son écrin a mis d’accord tous les membres du jury. Julie Olivier remporte le 1er prix de la 17ème édition du Prix Célimène organisé par le Département en cette journée de la Femme. Une cérémonie de remise des récompenses qui s’est déroulée en présence du Président et de la 8ème Vice-présidente de la Collectivité.
L’art sous toutes ses formes pour permettre à chacune d’entre nous d’exprimer notre amour, notre colère, notre révolte… tous ces sentiments refoulés que l’on n’ose pas verbaliser parce qu’on est une femme. La femme qui, encore aujourd’hui, doit revendiquer ses droits à l’instar de cette journée du 8 mars consacrée à la défense des droits des femmes. C’est dire tout le chemin qui reste à accomplir. Pour le Département, un chemin existe depuis 2005, celui de libérer la parole grâce à son art quel qu’il soit. C’est dans cet esprit qu’a été créé le Prix Célimène, à l’image de Célimène Gaudieux, poétesse, chanteuse, musicienne et surtout esclave affranchie devenue une femme libre.
Ce sont plus d’une centaine d’œuvres qui ont été réceptionnées cette année. Une fois de plus, les Réunionnaises ont montré un vrai engouement pour ce concours réservé aux femmes artistes amateurs.
En raison du contexte sanitaire, cette année la remise des prix s’est déroulée dans l’Hémicycle du Palais de la Source dans le strict respect des mesures barrières. Malgré la crise, le Département de La Réunion a tenu à proposer aux femmes artistes amateurs, cette année encore, de faire preuve de créativité en montrant une œuvre artistique dans les disciplines suivantes, peinture, sculpture et photographie.
Le concours vise aussi à encourager l’expression des femmes artistes amateurs qui n’ont jamais eu la possibilité de faire connaître leur travail, en leur offrant un espace d’expression et de diffusion.
Comme l’a souligné la Présidente du jury Audrey Coridon, « Il s’agit de placer la femme au cœur de la culture. Ce concours permet de voir l’évolution de la parole et de la place de la femme dans la société. Ici, on défend toutes ces valeurs qui me tiennent à cœur ». Une présidente « graffeuse » plus connue sous le nom de « Dey », une artiste engagée qui a eu la lourde tâche d’arbitrer le Prix Célimène 2021.
« Fugitive », la mère esclave
C’est « Fugitive » qui a obtenu les faveurs des membres jury. « Je suis très heureuse de cette récompense. Cette broderie est la copie d’une image qui montre une mère esclave « fugitive » qui s’enfuit avec son enfant. Je voulais montrer que les femmes et plus particulièrement les mères, restent aujourd’hui encore des fugitives car on les oblige à être des femmes et des mères parfaites. C’est une obligation qui pèse énormément dans notre condition de femme », a déclaré Julie Olivier très émue de remporter le concours.
Le 2ème et 3ème prix sont attribués respectivement à Alex Nikita Païnaye et Frédérique Frick.
Outre les femmes, les jeunes ont également participé au débat d’idées à travers la création d’une œuvre.
Le Collège Leconte de Lisle de Saint-Louis, lauréat du Prix Célimène Junior pour son œuvre « Vénus collection »
Depuis 2016, le Prix Célimène Junior permet aux collégiens des classes d’art plastiques d’entamer une réflexion sur la cause féminine. Un prix qui se fait en partenariat avec l’Académie de La Réunion. C’est le collège Leconte de Lisle de Saint-Louis qui a impressionné le jury avec sa sculpture « Vénus collection ».
Une petite nouveauté cette année, avec un prix qui récompense un projet artistique autour du développement durable. « J’ai voulu montrer la dualité en séparant mon tableau en deux parties. Une partie qui retrace les pratiques ancestrales de la vie réunionnaise et ce qui fait notre société d’aujourd’hui, une société moderne dans laquelle je m’inscris », explique la jeune artiste Raphaëlle Aho avec son œuvre « Par les Hauts, par les Bas. ». Un jeu de collage qui nous ramène à l’essentiel, la mise en valeur d’un développement durable.
Les coups de cœur du jury se distinguent dans trois catégories : la peinture, la sculpture et la photographie.
Le Prix Célimène, reste un rendez-vous très attendu par beaucoup de femmes qui souhaitent valoriser leur travail d’artiste amateur. D’ores et déjà, rendez-vous est pris pour l’année prochaine, alors mesdames il est temps de laisser libre-court à votre créativité.
L’ensemble des œuvres est exposé dans les salons de la Villa du Département, au 18 rue de Paris, jusqu’au 24 mars.
Les lauréates
1er Prix : Julie Olivier, « Fugitive »
2ème Prix : Alex Nikita Païnaye, « Contre-sens »
3ème Prix : Frédérique Frick, « Grand Bain »
Prix spécial « Développement durable » : Raphaëlle Aho, « Par les hauts, par les bas »
Coups de cœur du jury
Catégorie Peinture : Marie-France Abélard », « The mother »
Catégorie sculpture : Ouardia Vergne, « Un cri dans la cité"
Catégorie photographie : Célia Delville, « Nuée »
Prix Célimène junior
Collège Leconte de Liste, Saint-Louis : « Vénus Collection »
Découvrir les œuvres dans l'exposition virtuelle
Version texte de la vidéo :
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Pour la journée de la femme, les finalistes du prix Célimène se sont retrouvées à l’hémicycle du Département.
Le point commun avec tous ces visages, c’est leur détermination à s’exprimer par l’art.
Audrey CORIDON « DEY » / La marraine du 17me prix Célimène
Un regard très admiratif et très satisfaisant car moi je suis artiste grapheuse. Donc, je trouve que c’est super de mettre en avant des artistes amateurs. J’étais très surprise aussi de la qualité et du niveau de créativité et de tous les supports qui ont été utilisés. C’était une expérience très enrichissante.
Ambiance musique avec les oeuvres
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La centaine de participantes n’a pas déméritée. Et c’est maintenant la tradition, un prix des collégiens accompagne ce concours. Le Collège Leconte de Lisle, de Saint-Louis gagne le 1er prix parmi 8 autres établissements avec « Vénus collection »
Intervenante art plastique / Collégiennes Leconte de Lisle, de Saint-Louis
Le nu peut parfois choquer ou faire rire or là, c’était vraiment quelque chose de naturel. Et ils ont enlevé au fur et à mesure et ils ont fait ressortir, ces formes généreuses.
Angélique RIVIÈRE Collégiennes Leconte de Lisle, de Saint-Louis
Nous, la consigne qu’on avait eu était de représenter la femme comme on la voit. Du coup, vu que nous, on la voit forte quand même, qu’elle est courageuse. Je pense qu’on a essayé de mettre ça dans nos œuvres.
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Non sans émotion, chaque participante reçoit alors les différents prix. L’occasion de parler de leur œuvre, la transcription de leurs sentiments.
Catherine CHANE-KUNE Directrice de la culture Département de La Réunion
Oui, on doit laisser la parole aux femmes, covid ou pas, pandémie ou pas. Quelque soit la crise, il n’y a jamais de bonnes raisons de priver les femmes de leur parole. Donc évidement, le prix a été maintenu. Elles ont des choses à exprimer, des pensées à exprimer. Une critique du monde aussi parfois à exprimer et c’est bon signe.
Commentaire
C’est la simplicité et le message de l’œuvre de Julie OLIVIER qui a fait la différence. Cette mère de famille de St benoit touche à tous les arts sans perdre le lien avec la réalité des femmes.
Ambiance remise des prix de la 1ère
Julie OLIVIER Lauréat du prix Célimène
Nous sommes parfois et très souvent encore des mères fugitives d’une façon un peu plus moderne. Étant donné que, à travers les réseaux, la société, les jugements des autres, on nous pousse à être des mères parfaites, à ressembler à des modèles standardisés. Alors que nous sommes qui nous sommes, mères comme nous sommes. Et tout simplement, voilà !
Commentaire
L’exposition de la centaine d’œuvre qui ont participé à cette 17ème édition est visible jusqu’au 23 mars 2021 à la villa du Département.
Un reportage d’Alexandre GILLES Département de La Réunion / 974TV © mars 2021