Protéger la famille en danger et renforcer la cohésion familiale : action de prévention Parental'Ouest du Conseil départemental - 2019

09 août 2019

C’est à la Grotte des premiers Français que deux professionnels du GUT de Saint-Paul et de Saint-Gilles les Hauts ont prévu ce vendredi matin de réunir les 8 familles qu’ils suivent depuis plusieurs mois.  Ces parents, défaillants dans l’exercice de leur autorité parentale, font l’objet de mesure d’Actions Educatives en Milieu Ouvert (AEMO) demandées par le juge pour enfant. Cette mesure, limitée dans le temps, vise à rétablir la place éducative des parents et à renouer les liens familiaux. Cette mission, pour un retour à l’équilibre de l’environnement familial, est menée par des éducateurs spécialisés, travailleurs sociaux, du Conseil départemental.

 

L’intervention classique des professionnels, seuls à domicile, trouve ses limites

L’exercice de ces mesures se fait classiquement de manière individuelle. Mais les éducateurs spécialisés de Saint-Gilles les Hauts et de Saint-Paul,  Jean-Luc Gasp et Guillaume Stéphan, ont proposé en 2017 une démarche innovante, en mettant en place des actions collectives. Intitulée Parental Ouest, cette démarche permet aux familles de se retrouver, d’échanger, de partager, de communiquer, de s’exprimer sur leurs propres situations et celles des pairs  «ma difficulté c’est aussi sa difficulté » d’où une remise en question plus facile. Cet espace de parole et d’écoute prévient l’isolement. Les familles fragilisées par leur histoire et leurs parcours de vie gagnent en confiance. L’organisation de cette cellule dans un cadre convivial permet également de créer des amitiés entre parents, qui se retrouvent ensuite en dehors de l’action collective. « C’est suite à nos échanges, à nos expériences, que nous avons décidé de nous rapprocher et de mener un travail commun auprès des familles suivies en AEMO sur les territoires de Saint-Paul et de Saint-Gilles les Hauts. Le plus difficile est de se faire accepter par les parents car en effet, même si il y a une contrainte exposée par le juge, il est nécessaire qu’il y ait leur acceptation. C’est un travail prenant mais une réelle satisfaction quand la communication est établie, quand les parents retrouvent confiance et s’émancipent et in fine quand des mains levées sont obtenues » a indiqué Jean-Luc Gasp.

 

La démarche collective est apparue comme un outil incontournable

La finalité du projet est centrée sur la recherche d’autonomie et de responsabilité du parent dans l’exercice de son autorité parentale. L’articulation des temps à domicile, en individuel, et des temps à l’extérieur, en groupe, favorise l’atteinte des objectifs des mesures éducatives. Pour les éducateurs, Parental Ouest permet d’observer les relations parents/enfants avec si nécessaire, une reprise immédiate des comportements et des attitudes. Elle permet également de travailler le positionnement des parents toujours en lien avec leurs problématiques et l’exercice de leur autorité ou encore de contribuer à l’épanouissement des enfants et de faciliter la socialisation et l’intégration des règles et des normes. Guillaume Stéphan note une importante différence entre les parents d’avant et d’aujourd’hui : « C’est une métamorphose, c’est un processus qui peut être plus ou moins lent pour les familles mais les temps collectifs articulés les uns avec les autres, nous permettent d’avoir de beaux résultats puisqu’à l’issue de ces 3 années où nous avons expérimenté cette façon de travailler, on se rend compte que l’on a très peu de placement. On a parfois des reconductions de mesures donc on travaille une année supplémentaire quand la situation familiale n’est pas suffisamment consolidée, quand la situation des enfants reste encore un peu fragile mais c’est un vrai plaisir quand on voit des enfants aujourd’hui souriants et des parents, certes un peu timides, mais qui ont envie de partager leurs expériences. La principale difficulté comme nous travaillons sur des assistances éducatives en milieu ouvert qui sont des mesures éducatives judiciaires, c’est la question de l’adhésion car à la base dans 90 % des situations, nous avons des familles très réticentes puisque c’est le juge des enfants qui impose cette mesure d’assistance éducative. Et notre challenge de départ, en se basant sur les objectifs fixés par le juge, est d’arriver à gagner la confiance des familles ».

 

Depuis trois ans, des résultats probants pour Parental Ouest

Force est de constater que les résultats obtenus sont significatifs.  Ces trois dernières années ont permis d’obtenir 53 mains-levées de mesures d’AEMO et d’éviter une augmentation significative du placement des enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Cette démarche innovante traduit la politique de prévention menée par le Département, chef de file de l’action sociale, et une évolution positive des situations. Ce vendredi matin, Cyrille Melchior, Président du Département, est venu à la rencontre de ces familles afin d’échanger avec elles sur leur séjour effectué récemment à Cilaos dans le cadre de ces temps collectifs « Dans ces familles qui ont des difficultés, la Collectivité a son rôle à jouer. Cette action menée ce jour, au cours de laquelle des familles suivies se retrouvent, traduit une prise de conscience et une prise de confiance car tout parent a des capacités pour mener à bien son rôle. Il en va de l’avenir des enfants et rien n’est plus important que ce dossier pour le Département. La protection de l’enfance est au cœur de nos préoccupations. Près de 3000 familles sont chaque année accompagnées par nos 700 éducateurs dont je tiens à saluer le travail. Il y a des problèmes de violences, d’éducation, d’addictions qui sont étudiées. Le placement est la solution ultime mais avant d’en arriver là, nos éducateurs prennent les mesures à travers le dialogue car la solution la plus intéressante est le maintien dans la famille afin de garder le lien de la cellule familiale. Nous obtenons des résultats mais ce que je souhaite c’est que ces résultats soient surtout bénéfiques pour les familles et pour les enfants. Je voudrais que chaque enfant puisse avoir la chance de construire son projet de vie, de réussir son parcours d’éducation, de qualification et que les parents s’épanouissent dans leurs familles. Et si cette fracture est malheureusement insurmontable, il y a en effet, le placement mais il faut tout faire pour ne pas arriver à cela » a déclaré Cyrille Melchior.

 

Consulter le dossier de presse (ouverture d'une nouvelle page internet)

Version texte de la vidéo :

C’est à la grotte des premiers français que le Président du Département Cyrille Melchior a rencontré huit familles suivies depuis plusieurs mois par des professionnels du GUT de Saint-Paul et de Saint-Gilles les Hauts. 

Ces parents défaillants dans l'exercice de leur autorité parentale font l'objet de mesures d’AEMO, d'action éducative en milieu ouvert demandé par le juge des enfants. Une mesure mise en place par le Département qui vise à rétablir la place éducative des parents et à renouer les liens familiaux.

 

Guillaume STEPHAN - Educateur spécialisé: « La principale difficulté, comme on travaille sur des assistances éducatives en milieu ouvert donc qui sont des mesures éducatives judiciaires, c'est la question d'adhésion puisqu'à la base dans 90% des situations on a des familles qui sont très réticentes puisque c’est le juge des enfants qui impose cette mesure d'assistance éducative. On nous envoie en mission dans des contextes qui sont souvent hostiles donc vraiment le challenge de départ se basant sur les objectifs fixés par ce juge, c’est d'arriver à gagner la confiance des familles et puis créer un lien, tisser ce lien qui va nous permettre ensuite de cheminer sur toute l’année. »

 

Commentaire: Ces trois dernières années ont permis d'obtenir 53 mains levées de mesures d’AEMO, une augmentation significative du placement des enfants confiés à l'aide sociale à l'enfance.

 

Cyrille MELCHIOR - Président du Département: « Nous avons 700 éducateurs dans le domaine de l'accompagnement de la famille, globalement, globalement je le dis bien, pour renforcer sur le territoire de La Réunion toute la politique familiale c'est un budget de 100 millions d'euros, chaque année, consacré. Et là dedans vous avez tout ce qui touche à l'amélioration de l'habitat, vous avez tout ce qui touche à la parentalité, vous avez tout ce qui touche aux bourses pour que les enfants puissent réussir leurs études. Donc c'est un budget conséquent que nous mettons à disposition des familles. »

 

Commentaire: Une démarche innovante qui propose des actions collectives et permet aux familles

de se retrouver, d'échanger, de partager sur leur situation. Un cadre convivial où se crée des amitiés.

 

Marie-Annick SINGAÏNY:  « Quand on est dans cette situation là ou vaut plus rien, ensort a ou comme ou peut

mais aujourd’hui mi revit et i rapporte à nous de l’écoute déjà, de l'aide et puis i permet à nous de rassemble à nous, de rencontrer d'autres parents, mes petits enfants i rencontre d'autres enfants chose que chez moi y'a pas et puis moi même mi rencontre d'autres parents, i permet à moi de voir autre chose, de voir ailleurs parce que un moment donné là, surtout à mon âge, la cinquantaine, trois petits-enfants c'est pas évident parce que je suis entrain de recommencer ma vie. »

 

Richeline SEVERIN: « La apporte à moin la confiance, la confiance en moin, la confiance en mon petit garçon et puis en quelque sorte la

recréer un petit peu la famille parce que l’avait point trop de communication, c’est vrai que mon

petit garçon lé encore petit, dix ans mais mi veut dire à ou la crée quand même quelque chose, la confiance surtout. »

 

Commentaire: Une action qui traduit la politique de prévention menée par le Département, chef de file de l'action sociale et l'évolution positive de la situation. 

 

Reportage: Sophie ROUGIER 

Département de La Réunion - 974TV Août 2019 

Un tour de parole avec tous les participants
Un tour de parole avec tous les participants
photo de groupe
photo de groupe