Thierry Boyer, directeur des Théâtres départementaux - 2025

16 juin 2025

Thierry Boyer, directeur des Théâtres départementaux :
« Une programmation d’excellence ouverte sur le monde ! »

Le jeudi 19 juin, Thierry Boyer et son équipe présenteront le second semestre de la saison 2025. Arrivée en 2024 à la tête des Théâtres départementaux, le nouveau directeur a placé son action sous le signe de la démocratisation tout en renforçant les liens avec l’océan Indien et en s’ouvrant sur le monde. Une programmation qui a confirmé l’engouement du public pour les scènes du Téat Champ-Fleuri et le Téat Plein Air. Retour sur deux premières années riche en découvertes artistiques, en rencontres et en émotion.

La programmation du 1er semestre 2025 touche à sa fin. Quel bilan tirez-vous de ces deux années à la tête des Téat départementaux ?

A ma prise de fonction j’avais affirmé : « Baro lé rouvèr ». . Ben, domoun la rentré !

Nous avons clairement posé notre action sous le signe de la démocratisation et du travail en lien avec le territoire et la zone océan Indien, tout en maintenant notre exigence d’une programmation d’excellence ouverte sur le monde.

Le public ne s’y est pas trompé et a répondu présent. La fréquentation ainsi que la richesse des retours — qu’ils viennent du public, des artistes ou des partenaires — confirment que la ligne artistique, à la fois audacieuse et accessible, trouve sa résonance.

Nous sommes au début d’une aventure, qui se construit brique après brique, créant un espace de rencontre et d’échange entre les artistes, le public et l'équipe des Téat.

Le festival « Jazz en l’air » s’est récemment terminé. Quels ont été les temps forts de ce premier semestre ?

Le festival Jazz en l’air, lors de cette 2ème édition, a confirmé son identité : une scène ouverte aux talents d’ici et d’ailleurs. Il s’impose comme le rendez-vous annuel du jazz avec des stars internationales de premier plan (James Carter, Steve Coleman), des soirées dédiées aux talents féminins (Nirina Rakotomavo et Céline Bonacina) et comme chaque année une création originale, avec, pour cette édition, la rencontre entre le chanteur Aurus et le Jazz club de La Réunion, qui célébrait ses 50 ans. Mais je retiendrais surtout les concerts gratuits sur tout le territoire, de Saint Paul à St Pierre et passant par Mafate, les collaborations entre artistes, les rencontres professionnelles, les master-class et interventions scolaires. Jazz en l’Air a pris son envol. Mais au-delà de ce temps fort, c’est l’ensemble du semestre qui a été traversé par des rendez-vous marquants, avec entre autres, la prestation remarquée de la Cie sud-africaine Zip-Zap Circus, Mc Solaar, Charlélie Couture, Ziskakan et l’orchestre de l’ORR en musique, le retour plébiscité de la Cie Hervé Koubi en danse pour Sol Invictus, la 2ème édition de Komidi, avec 2 pièces aux multiples Molières, 4211km et Courgette qui ont ému le public. 

Vous revendiquez un équilibre entre rayonnement régional, ouverture internationale et valorisation des artistes réunionnais. Ce cap est-il tenu ?

Oui, et il constitue même notre colonne vertébrale. Nous accueillons des artistes de renom comme le Malandain Ballet de Biarritz ou Tiago Rodrigues, dramaturge portugais et directeur général du Festival d’Avignon.

L’océan Indien trouve aussi toute sa place avec fin 2024 la 1ère édition du Festival Do Moon qui a reçu des artistes de Madagascar, de Mayotte, de Maurice pour des créations croisées ainsi que Niladri Kumar, un virtuose indien du Sitar.

Mais plus de 60% de notre programmation restent dédiés à la scène réunionnaise et nous y tenons — qu’elle soit musicale (Gren Semé, Ziskakan…),  théâtrale (Cie Tilawcis mais aussi la ligue d’improvisation et les Fonnkèr) ou humoristique (Marie Alice Sinaman…), avec une attention toute particulière aux artistes émergents, qui retrouvent un lieu d’expression avec le Karo Kann à Champ Fleuri et le Badamier au Téat Plein Air.

Les Téats, ce sont aussi des actions en dehors des salles ?

Nous poursuivons activement ce travail de proximité. Avec Téat déor, les spectacles circulent hors les murs, dans les quartiers et les autres salles de l’ile. Des artistes comme Carlo de Sacco ou la Cie Véronique Asencio rencontrent leur public dans des formats conviviaux. Les séances scolaires  sont aussi essentielles à notre mission. Nous travaillons également à ce que les restitutions de résidence deviennent de véritables fêtes partagées, intergénérationnelles.

Avec plus de 40 dates hors les murs par an et 19 communes sur 24 déjà touchées, nous affirmons clairement notre ambition.

Peut-on déjà dévoiler quelques temps forts de la programmation du second semestre 2025 ?

Bien sûr. Ce second semestre continuera d’explorer la pluralité des formes. Nous accueillerons notamment en théâtre – en partenariat avec le CDNOI - Les Gros Patinent Bien, spectacle à succès mêlant humour et théâtre visuel, ou encore Flamboyants, la dernière création de la Cie Tilawcis. Côté musique, Sinclair, la garde républicaine ou Héva, la dernière œuvre de Labelle, rythmeront le semestre.   La danse ne sera pas en reste avec Requiems, dernière sublime création du Ballet Preljocaj, pour une prestation très attendue.

 Nous proposerons également 2 temps forts :le festival Amuse & vous, dédié au jeune public, sur la première semaine d’août et la 1ère édition du Classique Festival à Champ Fleuri, début octobre, avec la fine fleur mondiale (l’Arpegiatta de Christina Pluhar ), nationale (Les Passions, Orchestre Baroque de Montauban) et locale  (L’ORR et le Choeur de Chambre), de la musique baroque, sur instruments anciens.  Bref, une saison vivante, à l’image du territoire qu’elle accompagne. La finn di a zot : nora pa la plas pou toul mond !