Cyrille Melchior, Président du Conseil départemental, a accueilli, jeudi 31 août, Philippe Vigier, ministre des outre-mer, au Musée historique de Villèle. Le ministre a ainsi pu visiter l’ancien domaine de la famille Panon-Desbassyns et observer les fouilles archéologiques qui y sont actuellement menées. Surtout, Philippe Vigier a pu découvrir le projet de réhabilitation et de transformation du site en musée de l’Habitation et de l’Esclavage, qui sera achevé en 2026.
Le Département, qui gère trois musées de France et une dizaine d’établissements culturels, a en effet constaté qu’il manque un lieu pour raconter ce que fut l’exploitation servile à La Réunion. Un nouveau musée aurait pu être créé ex-nihilo mais le Conseil départemental a choisi d’explorer ce que furent ce système économique et cette organisation sociale à partir des vestiges d’un domaine colonial. C’est un défi. Celui de ne pas avoir peur de l’Histoire. Celui de la regarder en face. Au cœur même d’un lieu éminemment historique, chargé sur le plan symbolique et mémoriel, et dans une démarche fédératrice.
Dans cette perspective, et pour que ce futur lieu citoyen, lieu de savoir, permette aux Réunionnais de se connecter à leur histoire, le projet prévoit la réhabilitation des bâtiments patrimoniaux existants et des ouvrages et vestiges historiques associés ; la construction d’un bâtiment neuf regroupant toutes les fonctions (accueil, réserves, boutique, locaux administratifs et techniques) ; et l’aménagement paysager de la parcelle (79 800 m²). Il prévoit également la refonte totale de la scénographie du site, en intérieur comme en extérieur.
Alors que les fouilles archéologiques ont débuté en octobre 2022, et doivent se poursuivre jusqu’en février 2024, les travaux doivent commencer en 2025, pour une livraison programmée en 2026.
« C’est le site le plus emblématique de l’histoire de La Réunion, expliquait Cyrille Melchior au ministre. Il est chargé d’une histoire douloureuse. Il ne doit pas être seulement le musée de l’esclavage, mais aussi celui de l’abolition. La Réunion a su surmonter les épreuves et construire une société apaisée où chacun a pu trouver sa place. Avec ce projet, nous voulons franchir une nouvelle étape pour que ce site rayonne dans l’océan Indien dans l’Europe et dans le monde. Ici, cette partie de l’humanité n’a pas été suffisamment portée, nous allons le faire. »
Philippe Vigier, qui rappelait qu’il a en charge le futur Mémorial de l’esclavage, à bâtir au Trocadéro, à Paris, s’est dit totalement conquis par le projet du Département. « On va vous aider, assurait-il. J’en fais le serment, le Serment de Villèle. Ce serait une faute de ne pas le faire. Je vois la ministre de la Culture mardi prochain et je vais lui en parler. »