Gilbert Pounia et ses musiciens débarquent tout juste de l’avion. C’est Gilbert, les yeux brillants qui nous raconte ces quelques dates qui les ont menés en Espagne, à Paris, en passant par Perpignan ou encore Amiens. « C’était incroyable ! Et d’autres dates sont prévues pour la fin de l’année. » A l’aube de ses 45 ans de carrière, Ziskakan se projette plus que jamais et propose encore plus de sonorités tout en restant ancré dans ses racines. Une régénération musicale qui donne une deuxième vie à Ziskakan, à Gilbert Pounia grâce au nouveau souffle insufflé par les jeunes musiciens qui l’accompagnent sur scène. C’est un voyage dans le temps installé dans un présent musical que promettait cette affiche des 8 et 9 avril du Téat Champ Fleuri. L’occasion de fêter les 30 ans de l’album « Kaskasnikola » et d’en revisiter quelques titres.
Crédit photos : Teat
Gilbert Pounia est heureux. Heureux de retrouver la scène. Cette scène dont l’a privé le Covid. « On revient d’une tournée en France et en Espagne. Nou l’a joué au Pan Piper à Paris, à La Casa Musicale à Perpignan, au Festival chansons francophones à Portes-Lès-Valence et au Harlem Jazz Club à Barcelone. » Une tournée et des projets qui scellent un nouveau départ pour la formation la plus charismatique de la scène Réunionnaise de ces 50 dernières années. Une formation renouvelée sur scène les 8 et 9 avril pour un concert hommage à un album « Kaskasnikola ». Un album qui a permis à Ziskakan de s’offrir une reconnaissance internationale. « C’est un album qui paraît en 1993. C’est la première fois qu’on nous propose la réalisation d’un disque avec un label aussi important », précise Gilbert Pounia. C’est en effet une pointure qui fait cette proposition à Ziskakan. La société Island Record qui a été créée en 1959 à Kingston en Jamaïque par Chris Blackwell. Spécialisée dans le reggae elle produira entre autres, Bob Marley et Jimmy Cliff. « Cet album l’a permis a nou de faire une tournée internationale. Nou l’a joué 18 dates aux Etats Unis, à Miami, à Central Park entre autres ou nou la donne deux concerts. » C’est donc cet album qui sera mis à l’honneur pour les deux dates au Teat Plein Air mais pas que, car s’il est difficile de choisir parmi les titres phares de Ziskakan, les incontournables seront joués. Et cette jeune formation qui accompagne Gilbert Pounia sur scène est bourrée de talent dixit leur mentor. « Frédéric Riesser i fait 14 ans que li joue avec moin, c’est le batteur du groupe. Néna Adrien Pigeat, Wazis, Clency, Damien Hervio et à la sonorisation Charly Monneret. Avec zot nous koze le même langage musical. Zot i apprend a moin des choses. Adrien l’a vive en Angleterre et son influence c’est Franck Zappa, nous na ça en commun de fé rent d’autres sonorités dans le maloya. Aujourd’hui mi crois beaucoup au maloya rock blues, ça fonctionne, le public lé réactif. » En plus de son fils Wazis à la basse, Gilbert pourra compter sur l’énergie cosmique de sa fille Maya Kamaty. Un Ziskakan nouveau qui n’a pas perdu le sens des valeurs, à savoir la valorisation de la langue et de la culture créole. « J’écris mes textes en servant le plus dignement possible la langue créole, en la rendant plus belle et en lui donnant du sens. Le plus important c’est la rencontre des cultures, l’échange. »
Outre les concerts, un ouvrage consacré au groupe en collaboration avec l’écrivaine et journaliste mauricienne Shenaz Patel, devrait voir le jour en mai.
Deux concerts et une expo :
Ziskakan, ziska fé klér
Le hall d’exposition du Teat Champ-Fleuri embarque les visiteurs dans l’histoire de La Réunion, de la musique Réunionnaise mais surtout l’histoire de Ziskakan. Ziska fé klèr, une exposition itinérante et digitale imaginée par la Bibliothèque Départementale de La Réunion, sous l’impulsion de son directeur Pierre-Henri Aho, prend ici toute sa place à l’heure où le groupe se produit pour deux concerts exceptionnels. Une exposition itinérante et digitale destinée au réseau de lecture public et académique qui révèle des documents rares (livres, disques, articles de presse et affiches) mais aussi des œuvres inédites tels que des dessins d’Alain Séraphine et des photographies de Claude Testa. Une exposition qui a été inaugurée en octobre 2019 à l’occasion des 40 ans du groupe.
Une exposition pour montrer aux jeunes générations que si aujourd’hui le maloya est inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco, il a fallu de nombreux combats pour que subsistent notre musique, notre langue, notre culture. Le site de l’exposition itinérante offre également un contenu digital et des liens interactifs sur les vidéos. On peut y voir des reportages, un court film sur le groupe en 1979 par L.G. Hubert et 14 entretiens réalisés par 974 TV (la Télé du Département de La Réunion) avec des membres fondateurs et amis du mouvement artistique. On y découvre également des enregistrements sonores et plusieurs ouvrages en langue créole numérisés, notamment les revues Bardzour, Fangok, des livres des Chemins de la liberté et les livrets de paroles édités par Ziskakan. Un voyage initiatique à vivre également sur le www.ziskafekler.re
La Galerie dans le hall du Teat de Champ-Fleuri :
Du jeudi 7 au samedi 9 juillet 2022