Écrin de verdure chargé d'histoire, l'ancien pénitencier pour enfants de l’Ilet à Guillaume a été sélectionné parmi les 18 sites emblématiques de France et d'Outre-mer, retenus par la Mission Patrimoine en 2021.
La cérémonie de remise de la dotation d'un montant de 200 000€ s'est tenue dans l'Hémicycle du Palais de la Source ce samedi 18 septembre 2021.
Le chèque a été remis au Département de La Réunion, porteur du "projet de connaissance, de préservation et de valorisation du site", lors d’une cérémonie organisée avec la Fondation du Patrimoine/Mission Bern représentée par Monique Ozoux sa déléguée Réunion et la Française des Jeux, représentée par Frédéric Vezy, responsable des agences de la FDJ, entouré de quelques buralistes; ainsi que de Guilène Tacoun de la Direction des Affaires Culturelles (DAC Réunion) et de tous les acteurs du projet. Sans oublier des habitants du quartier de Saint-Bernard et le groupe Rezonans Kreol qui ont mis en avant un autre patrimoine de La Réunion : le Maloya, entonné « dans le rond » de l’Hémicycle du Palais de la Source.
Propriétaire du site, le Département a mené, avec le concours du FEADER, des travaux conduits par l’Office National des Forêts, pour la réouverture du sentier fin 2016. Tous les ans, ce sont 10 000 randonneurs qui fréquentent le site.
Parmi eux, Béatrice Sigismeau, vice-présidente du Département déléguée aux affaires culturelles qui livre son ressenti : « Passionnée de randonnée, j’ai visité bon nombre de sites à la Réunion. Mais quand on arrive sur l’îlet à Guillaume, c’est très particulier : quand on connaît son histoire, quand on voit ces ruines et ces structures qui restent visibles, on est envahi par l’émotion, tout en étant époustouflée par la beauté du paysage. C’est tout le paradoxe de l’Îlet à Guillaume : celui d’être un lieu de mémoire, de douleur, niché au cœur d’un écrin naturel unique, aujourd’hui protégé par le Parc national ».
Toujours à l’initiative du Département, le site a fait l’objet d’une étude croisée, à la fois historique, archéologique et archéo-botanique, menée sur le terrain par l’Inrap en octobre 2020, afin de recontextualiser l’histoire du site dans l’histoire globale de la justice et du traitement des mineurs en France au 19e siècle.
Fort de ces travaux, le Département a déposé un dossier de candidature auprès de la Fondation Patrimoine en décembre 2020. Stéphane Bern - qui pilote la mission d’identification des patrimoines en péril - a annoncé la sélection le 5 avril 2021 dans le cadre de la 4e édition 2021 du Loto du Patrimoine.
Animée par Emmanuelle Thuong-Hime, Cheffe de projet au sein du Département, la cérémonie de remise de chèque a été ponctuée par :
- la projection du film « Sur les ruines d’un pénitencier pour enfants à La Réunion » réalisé en 2020 par le Département et l’Inrap;
- la présentation par visioconférence des points clés de l’étude historique, par Véronique Blanchard, responsable du centre d’exposition « Enfants en justice, XIX et XXes » du Ministère de la Justice;
- la projection du modèle 3D Lidar et photogrammétrie des vestiges par Jonhattan Vidal, adjoint à la Conservatrice régionale de l’archéologie de la DAC de La Réunion, et par Thierry Cornec, responsable d’opération Inrap.
Pascale Moignoux, auteure de l’ouvrage « Graine de bagnard »; Mgr Gilbert Aubry, Evêque de La Réunion qui a mis les archives de l’Évêché à disposition des historiens et des archéologues du projet; la dessinatrice Clotilde Girard alias Kitsoune et des élèves du lycée Jean Hinglo du Port qui ont réalisé un documentaire intitulé « Les enfants bagnards de l’Ilet à Guillaume » ont également livré leur témoignages.
Célia fait partie de ces lycéens : « L’histoire de ces enfants est extrêmement triste et mérite d’être connue par tous parce qu’ils font partie de l’histoire de La Réunion. Lors du tournage, nous nous sommes rendus sur le site : après des heures de marche, avec nos baskets et nos sacs au dos, nous étions épuisés. Imaginez ces enfants de 13 ans, marchant pieds nus ou au mieux, avec des savates ». Un aller, sans retour pour la plupart d’entre eux, compte tenu des conditions atroces de « détention » et de « travaux forcés » dont ils étaient victimes.
Amélie Gault de L’Atelier Architectes, pour sa part, a présenté le chantier envisagé, à commencer par les travaux d’urgence de stabilisation des vestiges. « Nous lançons la phase de préservation du site dans la durée avant d’entamer, en 2022 le travail de valorisation, dentretien et d’orientation des visiteurs, en concertation avec les habitants et les associations. On aménagera un espace d’interprétation et d’introduction à la randonnée à proximité du site et enfin, concevoir une reconstitution virtuelle du site, accessible en ligne. Le travail de transmission auprès des générations futures ne sera pas en reste » précise Béatrice Sigismeau. Coût total du projet : 500 000€, co-financés par la FDJ dans le cadre du Loto du patrimoine (200 000€), la DAC Réunion (200 000€) et le Département (100 000€).
Après avoir adressé ses remerciements à l’assistance, la vice-présidente du Département déléguée aux affaires culturelles a déclaré : « Grâce au Loto du patrimoine, l’Îlet à Guillaume entre incontestablement dans une nouvelle dimension et c’est la reconnaissance légitime en la mémoire de ces jeunes enfants que nous n’oublierons jamais ».
Chantier archéologique du site de l'Ilet à Guillaume - INRAP - CD974
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A la rencontre de la dessinatrice Kitsune
Visionnez le film documentaire réalisé par la section cinéma du Lycée Jean Hinglo du Port "Les enfants bagnards de l'Ilet à Guillaume"
Visitez le modèle 3D des vestiges de l'Ilet à Guillaume réalisé à l'issue du chantier archéologique :LiDAR de l'Îlet à Guillaume. LRM
Consulter le dossier de presse
Ecoutez le reportage d'Isabel Pasquier sur la matinale de France Inter du 17/09 :https://www.franceinter.fr/programmes/2021-09-17
Ecoutez Pascale Moignoux, l'invitée du jour de la matinale de Réunion La Première radio du 17/09 :https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/emissions-radio/l-invitee-de-la-matinale