2018 : Bicentenaire Leconte de Lisle
Il y a 200 ans naissait le poète réunionnais Charles-Marie Leconte de Lisle.
La poésie, un art majeur, une discipline artistique particulièrement distinguée et populaire et ce, depuis la nuit des temps. Les poèmes de Leconte de Lisle ont été enseignés et appris par la plupart des générations francophones. C’est pour rendre hommage au Réunionnais, au poète et à l’homme de Lettres que le Département a consacré une année entière à la valorisation de son œuvre dans les 24 communes de La Réunion. Deux livrets de poésie, illustrés par des peintres ont été distribués par des brigades poétiques constituées de comédiens à plus de 1000 élèves. 12 classes de collèges ont participé à la fête de la musique en axant leur travail sur Leconte de Lisle , intégrant à leur performance des valeurs universelles, comme l’égalité, la liberté ou l’écologie. Une pièce de théâtre, des poèmes affichés dans les rues, des conférences, des concerts, des expositions itinérantes pour toucher des publics très différents. Son œuvre a également eu les honneurs du Sénat, là-même, où Leconte de Lisle fut bibliothécaire pendant 23 ans. Cette exposition est désormais visible à la Médiathèque de Saint-Paul, la bien nommée, Médiathèque Leconte de Lisle, depuis le 18 novembre.
Saint-Paul, terre d’inspiration
Leconte de Lisle est de retour sur sa terre natale qui l’a tant inspirée, là où repose sa dépouille. « Perdu dans la montagne, entre deux parois hautes, il est un lieu sauvage, au rêve hospitalier, qui, dès le premier jour, n’a connu que peu d’hôtes ; le bruit n’y monte pas de la mer sur les côtes, ni la rumeur de l’homme : on peut y oublier… », cet extrait du poème « Le Bernica » ravive la splendeur de cette ravine au fil de ses mots.
1828-2018, 200 ans qui sont liés aux 170 ans de l’abolition de l’esclavage, un autre combat du poète disparu. Les Saint-Paulois pourront découvrir les documents et ouvrages issus des collections départementales. La municipalité donne également à voir des objets historiques ayant appartenu au poète, ainsi que les partitions léguées par Georges Piris à la Bibliothèque Départementale. La poésie de Leconte de Lisle a souvent été mise en musique par les plus grands musiciens de son époque comme Bizet, Debussy ou encore Ravel.
Contrat Départemental Lecture Itinérance : Favoriser la culture à l’échelle Départementale
Le Conseil Départemental a fait du développement de la culture auprès des Réunionnais une de ses priorités. Il s’agit d’offrir l’accès à tous aux pratiques culturelles, face à un taux d’illettrisme très important. L’accès au livre, l’une des missions premières de la Bibliothèque Départementale de La Réunion (BDR). L’Etat de son côté, relayé dans les DOM par la direction des Affaires Culturelles, a défini comme enjeu prioritaire une politique du livre accessible sur tout le territoire, développant des partenariats avec les collectivités locales. C’est dans ce contexte que l’un des tout premiers Contrat Départemental Lecture Itinérance (CDLI) a été signé par l’Etat et le Département. Le premier objectif est de cibler toute la population et plus particulièrement les publics dits empêchés. Ce CDLI permettra à la BDR d’assister les bibliothèques dans des projets touchant à des domaines comme l’oralité, la créolité, la littérature, la poésie et les pratiques artistiques multiples. Il renforcera les missions patrimoniales, et diversifiera les services de médiation culturelle dans les écarts. Le financement du CDLI sur 3 ans est de 120 000 euros soit 40 000 euros par an avec intervention à parité entre l’Etat et le Département.
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Votre invitation aux prochaines manifestations du Bicentenaire de Leconte de Lisle
Mercredi 17 octobre
18h30
Conférence d’Edgard Pich et de Georges Piris : « L’œuvre de Leconte de Lisle et la musique »
Lespas culturel Leconte de Lisle
5 rue Eugène Dayot, Saint Paul
Jeudi 18 octobre
18h00
Vernissage de l’exposition « Leconte de Lisle dans les collections patrimoniales de la Bibliothèque départementale de La Réunion », avec des pièces historiques
Médiathèque Leconte de Lisle
110 boulevard du Front de Mer, Saint Paul
Vendredi 19 octobre
19h00
Concert des lauréats du Concours des Voix Nouvelles et Cantaréunion autour de l’œuvre de Leconte de Lisle
Eglise Notre Dame de la Paix
Rue Mgr Félix Maunier, Saint Gilles Les Bains
Samedi 20 octobre
9h00 - 12h00
14h00 - 17h00
17h30
18h00
Stand de poésies : distribution de poèmes, vente de livres, déclamations en musique
Masterclass - atelier-musical animé par Georges Piris accompagné des musiciens Magali Ellul, Jacqueline Hoarau, Jim Fortuné et Dominique Aupiais ; préambule sur l’art de déclamer par Edgard Pich et le fonkézèr Kristof Langrom
Conférences de Idriss Issop-Banian "Leconte de Lisle et St Paul" et de Dominique Aupiais « Entre créole et breton », suivies d’une animation musicale du groupe Renesens
Concert des lauréats du Concours des Voix Nouvelles et Cantaréunion autour de l’œuvre de Leconte de Lisle
Marché forain sur le front de mer, Saint Paul
Lespas culturel Leconte de Lisle
5 rue Eugène Dayot, Saint Paul
Médiathèque Leconte de Lisle
110 boulevard du Front de Mer, Saint Paul
Théâtre Luc Donat
20 rue Victor le Vigoureux, Tampon
Dimanche 21 octobre
16h00
Concert des lauréats du Concours des Voix Nouvelles et Cantaréunion autour de l’œuvre de Leconte de Lisle
Cathédrale de Saint-Denis
7-13 ruelle Edouard, Saint Denis
Lundi 22 octobre
17h30
Visite du second volet de l’exposition incluant le Masque mortuaire de Leconte de Lisle et de nouvelles acquisitions (dont le Fonds Piris)
Conférence de Edgar Pich : « Leconte de Lisle : impassible ou impersonnel ? », précédée d’une lecture vivante par Marie-Josée Barre : « Une si belle rencontre »
Bibliothèque départementale de La Réunion
173 bis rue Jean Chatel, Saint Denis
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Dans le cadre du bicentenaire Leconte de Lisle 1818-2018, concerts gratuits :
Vendredi 19 octobre 2018 - 19h00
Eglise de Saint-Gilles
Samedi 20 octobre 2018 - 18h00
Théâtre Luc Donat du Tampon
Dimanche 21 octobre 2018 - 16h00
Cathédrale de Saint-Denis
Contact et modalités :
Concerts gratuits, réservation sur le site internet monticket.re (ouvre une nouvelle page) dans la limite des places disponibles : tél : 0892 707 974
Programme détaillé :
1ère partie
Airs célèbres par les lauréats du concours lyrique Voix Nouvelles
Hélène Carpentier :
BELLINI, I Capuletti e i Montecchi : air de Giulietta
Caroline Jestaedt :
MASSENET, Cendrillon (La fée) : « Ah ! douce enfant »
Maxime Melnik :
REYER, Sigur, (Sigur) : « Le bruit des chants…Esprits, gardiens de
ces lieux »
Hélène Carpentier :
GOUNOD, Faust, (Marguerite) Air des bijoux
Caroline Jestaedt :
DONIZETTI, La fille du régiment(Marie) : « C’en est donc fini…
Salut à la France »
Maxime Melnik :
BIZET, Carmen (Don José) : « La fleur que tu m’avais jetée »
Duos :
MOZART, Les noces de Figaro : La Comtesse et Suzanne 3ème acte
POULENC, Dialogues des Carmélites : Blanche et Constance
« Encore ces maudites fèves »
2ème partie
Mélodies et ensembles sur des poèmes et textes de Leconte de Lisle
Claude Debussy : Jane
Gabriel Fauré : Les roses d’Ispahan
Emile Paladhile : Les yeux bleus
Lili Boulanger : La Source
Reynaldo Hahn : Néère
Charles Koechlin : Nox
Ernest Chausson : Hélène
Charles Koechlin : Midi
Henri Duparc : Phidylé
Alice Sauvrézis : Hymne Orphique « L’anémone et la rose »
Ernest Chausson : Le Colibri
Maurice Ravel : La chanson du rouet
Charles Koechlin : Les clairs de Lune
Cantaréunion est heureux de présenter avec les magnifiques Voix
Nouvelles cet hommage vocal à l’immense poète Leconte de Lisle :
Soprani Alti
Durieu Marie-Ange Camy Sophie
Dupeyron Marie-France Choukroun Françoise
Forges Valérie De Fondaumière Mélody
Lavergne Geneviève Dumec Valérie
Masson Evelyne Maitre Martine
Vidal Martine Murat Claudine
Direction musicale : Jean-Louis Tavan
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Retranscription textuelle de l'affiche (le poème) :
Comme le flot des mers ondulant vers les plages,
Ô bois, vous déroulez, pleins d'arome et de nids,
Dans l'air splendide et bleu, vos houles de feuillages ;
Vous êtes toujours vieux et toujours rajeunis.
Le temps a respecté, rois aux longues années,
Vos grands fronts couronnés de lianes d'argent ;
Nul pied ne foulera vos feuilles non fanées :
Vous verrez passer l'homme et le monde changeant.
Vous inclinez d'en haut, au penchant des ravines,
Vos rameaux lents et lourds qu'ont brûlés les éclairs ;
Qu'il est doux, le repos de vos ombres divines,
Aux soupirs de la brise, aux chansons des flots clairs !
Le soleil de midi fait palpiter vos sèves ;
Vous siégez, revêtus de sa pourpre, et sans voix ;
Mais la nuit, épanchant la rosée et les rêves,
Apaise et fait chanter les âmes et les bois.
Par delà les verdeurs des zones maternelles
Où vous poussez d'un jet vos troncs inébranlés,
Seules, plus près du ciel, les neiges éternelles
Couvrent de leurs plis blancs les pics immaculés.
Ô bois natals, j'errais sous vos larges ramures
L'aube aux flancs noirs des monts marchait d'un pied vermeil ;
La mer avec lenteur éveillait ses murmures,
Et de tout oeil vivant fuyait le doux sommeil.
Au bord des nids, ouvrant ses ailes longtemps closes,
L'oiseau disait le jour avec un chant plus frais
Que la source agitant les verts buissons de roses,
Que le rire amoureux du vent dans les forêts.
Les abeilles sortaient des ruches naturelles
Et par essaims vibraient au soleil matinal ;
Et, livrant le trésor de leurs corolles frêles,
Chaque fleur répandait sa goutte de cristal.
Et le ciel descendait dans les claires rosées
Dont la montagne bleue au loin étincelait ;
Un mol encens fumait des plantes arrosées
Vers la sainte nature à qui mon coeur parlait.
Au fond des bois baignés d'une vapeur céleste,
Il était une eau vive où rien ne remuait ;
Quelques joncs verts, gardiens de la fontaine agreste,
S'y penchaient au hasard en un groupe muet.
Les larges nénuphars, les lianes errantes,
Blancs archipels, flottaient enlacés sur les eaux,
Et dans leurs profondeurs vives et transparentes
Brillait un autre ciel où nageaient les oiseaux.
Ô fraîcheur des forêts, sérénité première,
Ô vents qui caressiez les feuillages chanteurs,
Fontaine aux flots heureux où jouait la lumière,
Éden épanoui sur les vertes hauteurs !
Salut, ô douce paix, et vous, pures haleines,
Et vous qui descendiez du ciel et des rameaux,
Repos du coeur, oubli de la joie et des peines !
Salut ! ô sanctuaire interdit à nos maux !
Et, sous le dôme épais de la forêt profonde,
Aux réduits du lac bleu dans les bois épanché,
Dormait, enveloppé du suaire de l'onde,
Un mort, les yeux au ciel, sur le sable couché.
Il ne sommeillait pas, calme comme Ophélie,
Et souriant comme elle, et les bras sur le sein ;
Il était de ces morts que bientôt on oublie ;
Pâle et triste, il songeait au fond du clair bassin.
La tête au dur regard reposait sur la pierre ;
Aux replis de la joue où le sable brillait,
On eût dit que des pleurs tombaient de la paupière
Et que le coeur encor par instants tressaillait.
Sur les lèvres errait la sombre inquiétude.
Immobile, attentif, il semblait écouter
Si quelque pas humain, troublant la solitude,
De son suprême asile allait le rejeter.
Jeune homme, qui choisis pour ta couche azurée
La fontaine des bois aux flots silencieux,
Nul ne sait la liqueur qui te fut mesurée
Au calice éternel des esprits soucieux.
De quelles passions la jeunesse assaillie
Vint-elle ici chercher le repos dans la mort ?
Ton âme à son départ ne fut pas recueillie,
Et la vie a laissé sur ton front un remord.
Pourquoi jusqu'au tombeau cette tristesse amère ?
Ce coeur s'est-il brisé pour avoir trop aimé ?
La blanche illusion, l'espérance éphémère
En s'envolant au ciel l'ont-elles vu fermé ?
Tu n'es pas né sans doute au bord des mers dorées,
Et tu n'as pas grandi sous les divins palmiers ;
Mais l'avare soleil des lointaines contrées
N'a pas mûri la fleur de tes songes premiers.
À l'heure où de ton sein la flamme fut ravie,
Ô jeune homme qui vins dormir en ces beaux lieux,
Une image divine et toujours poursuivie,
Un ciel mélancolique ont passé dans tes yeux.
Si ton âme ici-bas n'a point brisé sa chaîne,
Si la source au flot pur n'a point lavé tes pleurs,
Si tu ne peux partir pour l'étoile prochaine,
Reste, épuise la vie et tes chères douleurs !
Puis, ô pâle étranger, dans ta fosse bleuâtre,
Libre des maux soufferts et d'une ombre voilé,
Que la nature au moins ne te soit point marâtre !
Repose entre ses bras, paisible et consolé.
Tel je songeais. Les bois, sous leur ombre odorante,
Épanchant un concert que rien ne peut tarir,
Sans m'écouter, berçaient leur gloire indifférente,
Ignorant que l'on souffre et qu'on puisse en mourir.
La fontaine limpide, en sa splendeur native,
Réfléchissait toujours les cieux de flamme emplis,
Et sur ce triste front nulle haleine plaintive
De flots riants et purs ne vint rider les plis.
Sur les blancs nénuphars l'oiseau ployant ses ailes
Buvait de son bec rose en ce bassin charmant
Et, sans penser aux morts, tout couvert d'étincelles,
Volait sécher sa plume au tiède firmament.
La nature se rit des souffrances humaines ;
Ne contemplant jamais que sa propre grandeur,
Elle dispense à tous ses forces souveraines
Et garde pour sa part le calme et la splendeur.
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La légende du poète est vivante. La Bibliothèque départementale de La Réunion conserve plusieurs centaines de titres et d'articles et recense plus d'une vingtaine d'éditeurs réunionnais dont les ouvrages continuent de façonner le mythe.
Le lyrisme du poète a encore sa place parmi nous. Les préceptes universels de sa poésie sont sans cesse illuminés par des références limpides à notre environnement et humanité.
Les saveurs de l'Eden réunionnais transitent dans ses rimes et les auteurs s'en inspirent abondamment.
L'oeuvre littéraire de Leconte de Lisle a largement été diffusée à La Réunion, chaque moment de célébration d'un élément de son existence étant un prétexte, ou un devoir à honorer sa mémoire.
Aujourd'hui l'onomastique le commémore perpétuellement. La Réunion lui a offert une rue dans presque toutes les communes. Ici et ailleurs, des écoles, lycées, espaces culturels, bateaux, monuments, bibliothèques (...) portent son nom.
Les éditions récentes de textes commentés ou rassemblés instinctivement, artistiquement et schématiquement par des auteurs réunionnais sont des hommages à ce patrimoine.
Le rapport de Leconte de Lisle à son île, voire à l'Indiaocéanie dans son ensemble, se conjugue à une production éditoriale soutenue. Il bénéficie de la reconnaissance de tous les acteurs du monde culturel. Les premières véritables maisons d'éditions locales, Cazal et Drouhet, publient les commentaires de son oeuvre.
Puis, dans les années d'après guerre, c'est Hugues de Jouvancourt qui propose un livre d'art aux Éditions de La Tortue, mettant en valeur le poète animalier par la réalisation de magnifiques bois gravés. Le centenaire de sa mort, en 1994, donnera une nouvelle occasion d'éditer un ouvrage, cette fois-ci avec des estampes de paysages en couleurs.
Les générations actuelles publient leurs propres découvertes et analyses de l'oeuvre, et innovent en proposant des pistes inédites souvent liées à certains aspects de l'identité créole : l'Inde, la musique, l'esclavage, et la beauté d'une île qui ne cesse d'être célébrée à l'image du poète. A travers ses missions, la BdR collecte les publications qu'elle enregistre et conserve au titre du dépôt légal pour la postérité.
EXPOSITION LECONTE DE LISLE :
Leconte de Lisle à travers les collections patrimoniales du Département
L'homme de lettres
L'homme de Sciences
L'Auteur vu par ses contemporains
L'amour d'une île, Éden des poètes
Une Légende Réunionnaise
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Les sociétés savantes et les chercheurs s'approprient la vie du personnage et son oeuvre en publiant leurs découvertes. De multiples travaux d'analyse ainsi que plusieurs évènements permettent à Leconte de Lisle de s'inscrire définitivement dans la mémoire collective.
Après la guerre, les travaux de recherches sur les éléments biographiques et bibliographiques du poète regorgent de publications qui précisent à la fois l'histoire du personnage et ouvrent sur l'infinie richesse de son legs.
L'Académie de la Réunion, les Archives départementales, les instituts et facultés, les associations et revues locales s'emparent de la légende et creusent le rapport identitaire que contient une grande portion des écrits du poète.
Les publications recensées nous livrent une appréciation de plus en plus précise de ses écrits, mais aussi de sa vie. Lors de son dernier séjour à Bourbon entre 1843 et 1845, Leconte de Lisle comprend la situation des esclaves et défend leur cause une fois de retour à Paris. Il rejette le joug du colonialisme et publie son fameux conte Sacatove.
Remettant pleinement en question ses croyances, il reste finalement toujours à la recherche de la beauté et de son harmonie, mais aussi de Dieu. Le poète, meurtri par tant d'injustices sociales, trouve refuge dans les grandes civilisations antiques, notamment l'étude des philosophies et des religions de l'Inde.
Son adhésion au mouvement fouriériste, au début de sa carrière, resurgit comme une preuve de son combat pour le droit, la justice et la liberté des hommes.
Ses cendres sont rapatriées en 1977 au Cimetière marin de Saint-Paul. Le Prince des poètes est de retour sur ses terres. Un autre Réunionnais célèbre, Raymond Barre, est alors Premier ministre de la République. Boris Gamaleya et d'autres écrivains se joignent à cet élan visant à reconnaître le lien indéfectible qui unit désormais chaque génération de créoles au poète.
Quelle que soit l'idéologie, l'intellectuel autonomiste et le chantre de la départementalisation s'entendent au moins sur l'importance du personnage dans la culture réunionnaise.
Les textes d'auteurs locaux et nationaux apportent de nouvelles interprétations de la vie et de l'oeuvre du poète créole. La BdR conserve une importante collection de revues et de journaux qui permettent de suivre la construction de l'identité réunionnaise à travers le temps.
EXPOSITION LECONTE DE LISLE :
Sa présence dans l'édition réunionnaise
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L'homme de lettres
L'homme de Sciences
L'Auteur vu par ses contemporains
L'amour d'une île, Éden des poètes
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Mieux que ses amis George Sand et Baudelaire, Leconte de Lisle inspiré par son île, décrit la Réunion comme un paradis perdu. Les hommes de lettres réunionnais s'emparent alors de son art, l'élevant ainsi au rang de "génie créole".
Dès le début du XXe siècle, les Réunionnais vont créer leur propre légende de l'épopée époustouflante de l'un des leurs.
Les plus célèbres écrivains, poètes et historiens d'hier, et d'aujourd'hui, le lisent puis le suivent. Ils font resplendir son oeuvre impressionnante. D'abord Marius et Ary Leblond, Raphaël Barquissau, et Hippolyte Foucque qui publient des ouvrages et révèlent le caractère réunionnais du poète avec candeur.
Selon les Leblond, l'âme créole de Leconte de Lisle est imprégnée par "son admiration de la poésie hellénique et un mélange qui ne s'est intimement et aisément accompli que parce que le poète s'est plongé dans la nature locale, elle-même issue de l'union harmonieuse d'une beauté indienne et d'une pureté grecque".
Leconte de Lisle vit dans un souvenir antique et exotique de son île, décor parfait pour son imagination métissée et à jamais victime de son exil.
C'est ainsi que l'île de sa jeunesse devient l'Eden éternel et qu'on retrouve les paysages réunionnais dans ses poèmes sur l'Inde, la Grèce, la Perse, la Polynésie...
Leconte de Lisle rassemble dans ses écrits l'infinie beauté de l'île, ce paradis terrestre tant chanté par ses visiteurs au fil des siècles. Il parvient à positionner avec lui, son île, au sommet du Parnasse français.
Leconte de Lisle est sacralisé, installé sur un piédestal. Sa lexicologie et ses textes, une fois juxtaposés à ceux de Parny, Baudelaire, Sand, Lacaussade et Dierx, ancrent définitivement I'lle dans sa réputation unique d'Ile des Poètes.
Le génie se transforme en faire valoir de l'identité réunionnaise.
Le Département conserve plusieurs exemplaires d'ouvrages au sein de son fonds local qui mettent en valeur le legs du poète à son île, ainsi que des pièces manuscrites, dont une lettre destinée à celle qui fut sa dernière muse.
EXPOSITION LECONTE DE LISLE :
Une Légende Réunionnaise
Sa présence dans l'édition réunionnaise
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Reconnu par ses pairs, il est élu à l'Académie française et devient alors comme Victor Hugo, un immortel ! L'oeuvre de Leconte de Lisle ne laisse personne insensible. A sa mort, un grand nombre de publications voit le jour, dévoilant ainsi l'étendue de son talent.
Au fur et à mesure que sa carrière progresse et que la France industrielle impose des transformations majeures à la société, Leconte de Lisle voit croître sa notoriété. Il bénéficie de l'admiration des poètes qui marquent son époque, tels Verlaine et surtout Baudelaire, qui fut son ami.
Devenu bibliothécaire au Sénat, Leconte de Lisle prononce l'éloge de Victor Hugo, au nom des poètes, lors des gigantesques funérailles du célèbre écrivain à Paris.
Avec l'école parnassienne, c'est l'Histoire, la peinture et même la musique qui s'invitent autrement puisque un grand nombre d'artistes interprètent ses vers dans leur art.
Au décès du poète en 1894, une pléthore d'articles et d'ouvrages dévoile les inédits, lettres, anecdotes, et souvenirs montrant l'intimité d'un grand humaniste. Sa correspondance, sa vie, son oeuvre ne cesseront alors d'être décortiquées et ainsi valorisées.
Ecologiste d'avant-garde, il veut distinguer l'homme de la nature dans leur rapport au sacré. Sa vision progressiste a l'avantage de centrer la temporalité de la vie de l'homme, malgré lui.
Comme tout homme qui a traversé le XIXe siècle, Leconte de Lisle a connu des changements de régimes politiques, allant de la dernière période monarchique à la seconde et troisième république, en passant par le second empire, des guerres et des révolutions.
Républicain frustré, il est un acteur politique qui prend position pour l'abolition de l'esclavage. Le poète ira porter la pétition de jeunes créoles de Paris souhaitant prendre le contre pied des positions locales dominées par leur famille, les colons.
Les premières études fleurissent sur la tombe du poète et encensent une oeuvre enivrante. Leconte de Lisle ne suscite plus les polémiques qu'il souleva parfois de son vivant et dont il devait se soustraire en publiant des opuscules d'éducation populaire, notamment son "Catéchisme Républicain" précurseur de la laïcité.
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"Unir l'Art à la Science, voici la véritable fonction du poète". Leconte de Lisle s'impose rapidement comme un spécialiste des grandes civilisations anciennes, les remettant au goût du jour grâce à une traduction innovante et précise de grands classiques de la littérature.
Adoptant une attitude positiviste dans une seconde moitié du XIXe siècle qui sera celui des sciences, Leconte de Lisle est un véritable chercheur du "beau et du bien qui sont aussi le vrai".
Le poète apprend la botanique, la biologie et autres sciences naturelles auprès de scientifiques et d'érudits de son temps, notamment ceux ayant voyagé à Bourbon et participé aux grandes circumnavigations de son époque.
Fasciné par la divine nature comme le montre un nombre impressionnant de ses strophes, Leconte de Lisle croit en l'égalité des êtres vivants sur terre.
À force d'analyser les fondamentaux de la littérature et de les traduire, il impose son talent unique. Sa vision retranscrit à merveille l'épopée divine de nombreux héros mythologiques.
En s'appropriant les subtilités du sens métrique dans l'édition de ces oeuvres complexes, Leconte de Lisle développe une prosodique et une rythmique quasi révolutionnaire. La qualité de sa contribution aux sciences linguistiques ajoute à sa réputation au sein du monde culturel et scientifique.
Ses traductions permettent une meilleure connaissance de la pensée philosophique occidentale, qui doit énormément aux mythologies hellénistes et indiennes.
Leconte de Lisle a savamment su retranscrire l'origine même du verbe tel que mis en scène par les prophètes et poètes de l'Antiquité.
De l'Inde, il cultive le sens dramatique de l'illusion universelle grâce à sa grande maîtrise de la pensée hindoue et de sa spiritualité.
Son oeuvre suit le progrès des idées de son temps. C'est dans cette période faste, où l'industrialisation accélère les mutations sociétales, que s'inscrit le travail colossal du Poète — Traducteur, qui saura mettre en valeur le caractère sacré et éternel des textes anciens du monde entier.
Outre les traductions en éditions originales de Homère, Hésiode, Sophocle, Eschyle ou Euripide, la Bibliothèque départementale conserve plusieurs livres d'art illustrant la vie et l'oeuvre de Leconte de Lisle.
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Sa vocation littéraire débute par l'écriture de contes en prose, de poésies et d'articles dans des journaux nationaux. Très rapidement, il publie des recueils qui font sa célébrité.
Ses tous premiers écrits font l'éloge d'une muse et annoncent la considération vénérée que porte le Saint-Paulois à son île dans au moins une trentaine des deux cents poèmes qui contribuent à sa renommée.
Le décor de l'exotisme sacré qu'incarne l'Eden réunionnais, maintes fois chanté depuis, est planté.
Si la poésie s'éveilla en lui à l'âge de 15 ans : "c'est tout d'abord grâce au hasard d'être né dans un pays merveilleusement beau et à moitié sauvage, riche de végétations étranges, sous un ciel éblouissant. C'est surtout grâce à cet éternel "premier amour", fait de désirs vagues et de timidités délicieuses ...".
Leconte de Lisle crée trois principales oeuvres : Poèmes Antiques, Poèmes Barbares, et Poèmes Tragiques, auxquelles il faut rajouter le recueil Derniers Poèmes, publié un an après son décès, ainsi que les fameuses éditions Poèmes et Poésies, et Poésies Complètes.
Ses vers ont marqué l'histoire de la littérature française, incitant le lecteur à la contemplation de rimes composées avec finesse. Dans son art, qu'il considère proche du divin, le poète consacre, à nombre de légendes antiques, un décor d'un lyrisme puissant, à la fois stoïque et foudroyant.
S'inspirant de la vision moderne de l'exotisme chanté par Victor Hugo mais aussi de celles de Bernardin de St Pierre, Parny, Sand et Lacaussade, Leconte de Lisle saura mieux que quiconque prouver que "l'île est une valeur littéraire que l'on peut utiliser" !
Adepte de la "vraie" poésie, il fait briller une perle du Sud, La Réunion.
Le Département conserve plusieurs éditions originales des oeuvres de Leconte de Lisle, dont un corpus dédicacé à Léon Dierx et un rare ensemble manuscrit et tapuscrit du poème Le Dernier Dieu. Vivant peu de son art et oublié des siens, Leconte de Lisle cède ses droits à Alphonse Lemerre, principal imprimeur de l'oeuvre parnassienne durant plusieurs décennies.
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