La Réunion, un territoire d’expérimentation
38 % de personnes vivent sous le seuil de pauvreté dans notre île. 12 % de nos jeunes sont en échec scolaire. Plus de 20 000 dossiers de demandes de logement en attente. Notre département est particulièrement touché par la pauvreté. Pour que cette nouvelle politique de prévention et de lutte nationale soit la plus efficace possible, un point d’étape était nécessaire sur les avancées du déploiement de la stratégie à l’échelle de notre territoire. C’est en ce sens que l’hémicycle du Palais de la Source a accueilli cette 2ème Conférence régionale des acteurs en présence de Christelle Dubos, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé.
« La pauvreté est d’abord monétaire, mais c’est avant tout un drame humain et social… » c’est par ces mots qu’Isabelle Rebattu, Sous-préfète chargée de mission cohésion sociale et jeunesse a posé le débat à l’occasion de l’ouverture de cette 2ème conférence. Tous les acteurs concernés par cette problématique, la CAF, le Pôle Emploi, les missions locales les associations, les personnes en situation de précarité… étaient présents.
Une 2ème conférence pour faire le point sur le déploiement de la stratégie pauvreté à La Réunion. Ce plan qui avait été présenté par le Président de La République le 13 septembre dernier. Un nouveau modèle social qui comporte trois axes : Investir sur les personnes et leurs compétences dès le plus jeune âge ; accompagner les personnes vers l’autonomie et l’emploi et enfin garantir un cadre collectif de solidarité.
Ici dans notre île, 16 groupes thématiques ont planché sur la question de la pauvreté. Des discussions qui se sont poursuivies lors de cette journée avec la matinée world café « Alon kozé » autour de 12 actions. Parmi les questionnements, comment repenser l’accompagnement à la santé pour favoriser la réussite du projet logement à long terme, comment faire monter en compétences les CAP Petite Enfance pour qu’ils accèdent à l’emploi, la lutte contre l’illettrisme ou encore la place du père : des repères à construire. Une restitution de ces discussions à la ministre a montré la richesse de ces échanges. « Il faut continuer à parler et à enrichir le débat. On relève une vraie nécessité, celle d’aller vers la population, de l’accompagner et de faire ensemble. Travailler pour, par et avec. Il faut désormais capitaliser tous ces débats et arrêter de réfléchir pour passer à l’action » a résumé Marie-Lyne Vally chargée de mission stratégie pauvreté à la préfecture. A préciser que dans chaque groupe de travail, des personnes concernées ont été invités à partager leurs expériences.
Le Département acteur incontournable du social
Mettre l’humain au centre des questions, comme l’a dit en préambule le Président du Conseil Départemental, c’est la priorité de la politique du Département. « Dans notre volet social, nous consacrons plus de 7 millions d’euros à la lutte contre la pauvreté et la précarité, dans une démarche partenariale et d’innovation sociale portant sur plusieurs axes : le soutien à la parentalité ; la prévention spécialisée avec un accompagnement renforcé des jeunes de 16 à 30 ans ; l’aide alimentaire au regard de la précarité des personnes isolées, des familles, des étudiants et des demandeurs d’emploi ; l’insertion avec la mise en place d’un service mobile d’accès aux droits et à l’information dédiée aux jeunes en insertion et la lutte contre le décrochage scolaire auprès des collégiens en difficulté. »
C’est en ce sens que la collectivité partage l’ambition nationale de cette stratégie et souhaite en devenir le moteur. Une dynamique partenariale renforcée, puisque les services du Département participent activement aux groupes de travail et assument même le co pilotage de 5 ateliers directement liés à nos compétences : Parentalité/Centres sociaux, Santé/PMI/Centres de santé, Réussite Scolaire, Sortants de l’ASE et Offre d’accompagnement. 4 axes majeurs ont été retenus : La lutte contre le décrochage scolaire, la fluidification du parcours résidentiel, l’accompagnement de la politique d’aide alimentaire en couplant distribution de colis et accompagnement de proximité et la mise en place d’une politique d’insertion par le sport et la culture. Le Département qui bénéficie désormais d’une vraie marche de manœuvre financière avec la recentralisation du RSA par l’Etat.
Les 5 engagements de la stratégie pauvreté :
- Agir dès le premiers âges de la vie pour en finir avec la reproduction de la pauvreté : parmi les avancées, près de 400 places de crèches supplémentaires ouvertes en 2019.
- Garantir les droits fondamentaux des enfants : parmi les avancées, les petits déjeuners ont concerné plus de 16 000 enfants depuis l’année dernière.
- Assurer un parcours de formation pour tous les jeunes : parmi les avancées, au niveau du Conseil Départemental un renforcement de l’accompagnement des jeunes sortant de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) avec un financement des études supérieures et professionnelles grâce à une allocation annuelle de 3000 euros et un appui par le logement de 2400 euros par an.
- Mieux accompagner pour faciliter le retour à l’activité et la sortie de la pauvreté : parmi les avancées, le Pôle Emploi et le Conseil Départemental ont accompagné plus de 1000 demandeurs d’emploi avec un dispositif inédit, un binôme travailleur social et conseiller pôle emploi.
- Un meilleur accès aux droits et accompagnement : parmi les avancées, le lancement par la Sécurité Sociale depuis le 1er janvier 2020 du panier soins avec des lunettes, des soins dentaires et audioprothèses avec le « zéro » reste à charge.
Version texte de la vidéo :
Une journée pour échanger les idées, les expériences et trouver des pistes d'action pour prévenir et lutter contre la pauvreté.
C'était l'ambition portée par tous les participants de la deuxième Conférence Régionale des Acteurs.
Catherine PITARQUE Caisse Allocations Familiales
« Des idées viennent parce qu’on a mixé les approches, mixé les publics qui sont autour de la table. Avec des personnes de la société civile, des demandeurs d'emploi, des acteurs institutionnels, associatifs.
Donc effectivement, il y a des belles idées qui vont jaillir et qui vont se mettre en œuvre, sous forme d'actions, d'amélioration de dispositif. »
Une intelligence collective et participative au service de la cohésion sociale.
Les élus ont rappelé les actions déjà effectives, comme la création de 400 places de crèches supplémentaires, la mise en place d'un parcours de formation pour les jeunes de 16 à 18 ans, un plan sans abri et les petits déjeuners gratuits dans les écoles… Mais des actions sont encore à établir pour répondre à l'urgence.
Christelle DUBOS Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités Et de la Santé
« la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté c’est un réinvestissement majeur et important de 8 5 milliards d'euros dans nos politiques d'insertion et nos politiques pour aider et lutter contre la pauvreté.
Je peux vous donner quelques exemples quand on augmente le minimum vieillesse.
Ce point que touchent les personnes âgées, qui était un peu inférieur à 800 euros qu’on le passe à 900 euros, c'est une augmentation de 11%. Quand on augmente l’Allocation Adultes Handicapés de 11% pour le faire remonter à 900 euros. Ce sont des publics qui potentiellement ne retrouveront pas de travail, soit au titre de leur
handicap soit au titre de l'âge. On est conscient et on augmente ces minima qui sont importants et sur lesquels sont de fait inférieurs au seuil de pauvreté. On leur donne les moyens pour pouvoir vivre mieux et dignement. »
A La réunion, 38% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Le Département lance un grand projet de service public de l'insertion, retenu au niveau national, pour prévenir et lutter contre la pauvreté sur notre territoire.