Cyrille Melchior, Président du Conseil départemental, a lancé, dans la soirée du mardi 19 décembre, au domaine de Villèle, les festivités du Gran 20 désanm. Des festivités auxquelles assistaient également les vice-Présidents Béatrice Sigismeau et Gilles Hubert, et les Conseillers départementaux Fabiola Lagourde, Isabelle Erudel, Aurélien Centon, Brigitte Absyte, Jean-François Nativel et Eglantine Victorine. Ainsi que le Président du Conseil départemental des jeunes, Mathis Grondin.
Visionnez la vidéo :
Comme chaque année, les commémorations ont débuté par la libération des chaînes des esclaves, dans la Chapelle Pointue, et leur remplacement par des colliers de fleurs. S’en sont suivis l’ouverture et la visite du Kan, l’inauguration de l’exposition « Code noir » et le fleurissement du mémorial situé à côté de l’ancien hôpital des esclaves. Avec, entre chacune de ces étapes, des temps musicaux et des explications sur les découvertes réalisées sur le site de cet ancien domaine colonial, appelé à être transformé en Musée de l’Habitation et de l’Esclavage à l’horizon 2026.
Au côté du Préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, l’invitée d’honneur de cette 6e édition du Gran 20 désanm était Madame Itah KandjI-Murangi, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Technologie et de l'Innovation de la République de Namibie, représentant le Président de la République de la Namibie Hage Geingob.
Y participait également une délégation sud-africaine, pays avec qui le Département procède actuellement à des échanges croisés d’exposition sur le thème de l’esclavage, dont l’une, « My Name is February » est actuellement visible à Villèle.
« Aucun être humain ne mérite d’être fait esclave, déclarait Cyrille Melchior lors de cette cérémonie. Aucune femme, ni aucun homme ne mérite d’être privé de son identité, de sa liberté, de sa dignité. L’esclavage est un crime contre l’humanité, comme l’a reconnu la France par une loi de 2001. L’esclavage fait offense à l’intelligence, puisqu’il nie une évidence : tous les êtres humains appartiennent à la communauté humaine ! C’est pourquoi il est si important de commémorer la date qui a mis fin au système abominable que constitue l’esclavage. »
Appelant de ses vœux un travail d’unification des mémoires fragmentées, le Président du Conseil départemental soulignait l’importance des partenariats engagés avec l’Afrique du Sud et la Namibie. Il souhaitait également que le « cercle de partage et de solidarité s’élargisse encore et encore, jusqu’à devenir un emblème de notre musée, la preuve de sa capacité à fédérer, le signe de son utilité sociale et sociétale, pour tous les Réunionnais, et au-delà de nos frontières, pour tous les peuples épris de liberté. »
« Aller de l’avant, tout en nous souvenant, en partageant les expériences passées et en échangeant notre histoire et notre culture, est très fondamental, expliquait également Itah KandjI-Murangi. Ce combat d’avant-garde est essentiel et nécessaire si nous voulons véritablement célébrer, honorer et rendre hommage à ces hommes et femmes courageux qui nous ont précédés et nous ont donné la vie. »
Participant pour la deuxième année consécutive aux célébrations de Villèle, le Préfet Jérôme Filippini invitait, lui, à « regarder ce passé en face, ne pas le nier, ne pas l’occulter ni le mettre en perspective.» « L’esclavage n’est pas seulement une page sombre de notre histoire, c’est d’abord un acte de cruauté qui, tant qu’il survit dans le monde, et même s’il a disparu dans notre pays, annihile l’humanité », continuait-il. Et d’inviter à ne pas assigner les individus à une identité au regard de leurs origines, de leur couleur de peau ou de leur religion.