Prévenir mais aussi lutter contre les Violences Intrafamiliales en direction des enfants, c’est tout l’enjeu de la stratégie départementale co-construite avec l’Etat. La loi du 5 mars 2007, qui réforme la protection de l’enfance a instauré la création d’observatoires départementaux de la protection de l’enfance sur tout le territoire national.
A La Réunion, après un recul en 2020, le nombre d’informations préoccupantes (IP) ont augmenté (+6,7 %). Le Département, chef de file de la protection de l’enfance, a travaillé avec l’ensemble des partenaires concernés et a, ce jeudi 22 juin, présenté son Plan d’actions départemental de prévention et de lutte contre les violences faites aux enfants.
Le jeudi 22 juin, après l’organisation de plusieurs ateliers avec l’ensemble des partenaires concernés par cette thématique, une stratégie départementale a été dévoilée par le Président du Département, Cyrille Melchior, dans l’Hémicycle du Palais de la Source, en leur présence, et celle de Flora Augustine-Etcheverry, Vice-présidente déléguée à la prévention des violences intrafamiliales, Christine Torres, sous-préfète en charge de la cohésion sociale et de la jeunesse et les représentants de la police et de la gendarmerie.
Les informations préoccupantes sont de plus en plus importantes et de plus en plus dangereuses puisque les IP danger atteignent 60 % en 2022 selon les chiffres de la CRIPP (Cellule de Recueil et de traitement des Informations Préoccupantes). Autres chiffres, 28 % des enfants qui subissent des violences ont moins de 6 ans et 14 % moins de 2 ans.
« La loi confère au Département un rôle majeur en matière de protection des enfants notamment lorsqu’il y a violence envers eux. C’est pour cela que nous réunissons, et ce n’est pas la première fois, l’Observatoire Départemental. Celui-ci existe depuis quelques années, nous reconstruisons actuellement un programme de travail en lien avec les partenaires : l’Etat bien évidemment, les autorités judiciaires, les autorités de police et de gendarmerie, les associations, l’ARS (Agence Régionale pour la Santé), le Rectorat… Tous ces acteurs se sont mis autour de la table. Cette forte augmentation des VIF et particulièrement envers les enfants nous engage à mettre en place un programme de travail et un plan d’activité », a expliqué Cyrille Melchior.
L’organisation de plusieurs ateliers a permis de faire émerger des pistes de travail et d’en faire une synthèse qui constitue le socle du plan d’actions.
« Une séance de travail a été initiée avec l'ensemble des acteurs pour préparer cet observatoire. Les partenaires se sont réunis autour de trois ateliers : le repérage et aller-vers, l'information, la communication et la sensibilisation, et les besoins fondamentaux et la défense des droits. Cette réunion s’est déroulée après diverses rencontres techniques avec les acteurs associatifs de lutte contre les violences intrafamiliales, les partenaires institutionnels et, de manière continue, avec les équipes territorialisées du Département en charge de ces missions. La Réunion est indéniablement en état d'urgence pour agir, prévenir, protéger, accompagner, soutenir, lutter sans relâche et avec détermination contre les violences faites aux personnes en général, et surtout envers les enfants », précise Flora Augustine-Etcheverry.
L’objectif est de mettre en place un plan d’actions pour mieux prévenir et mieux détecter les situations de violences. Il est important de sensibiliser, informer et d’aller vers les familles pour accompagner les personnes victimes de violences.
« Les grandes lignes de ce plan d’actions c’est dans un premier temps d’accentuer les actions de prévention. Prévenir c’est détecter les situations de violences et on le fait à travers les réseaux d’associations, à travers les PMI. Le Département dispose d’un réseau de travailleurs sociaux, d’infirmiers, de médecins au sein des PMI qui sont déployés sur tout le territoire pour favoriser la détection des situations de violences. On travaille aussi avec le Rectorat et nous voulons que le repérage se fasse le plus tôt possible. Il y a beaucoup d’actions qui sont menées dans les collèges mais pas assez dans les écoles. Nous voulons un renforcement des actions de détection et de prévention à travers le système éducatif. Nous devons ensuite sensibiliser et informer en expliquant qu’il faut arrêter avec la violence, on ne peut pas continuer avec une société violente envers les femmes, les enfants. Il s’agit aussi de lutter contre les addictions, les drogues et l’alcool. Renforcer la parentalité constitue aussi une action que nous devons mettre en place. Le troisième axe, c’est coordonner les actions pour mieux accompagner les victimes, déployer plus de moyens d’accueil notamment des places dans les structures d’accueil ainsi que des places au sein des familles d’accueil et cela c’est le rôle du Département. Nous avons renforcé nos moyens et nous avons posé dans le cadre du plan de mandature 2021-2028 un axe majeur de travail qui est de lutter contre les violences intra familiales en particulier les violences faites envers les enfants », ajoute Cyrille Melchior.
Un axe fort qui se traduit par un soutien accru aux intervenants de terrain. Le budget a été augmenté en conséquence passant de 900 000 euros en 2021 à 1,2 millions d’euros en 2022.