Kabar Fonnkèr Marmay : Le collège de la chaloupe lé paré ! - 2025

19 févr. 2025

10 collèges du département se préparent en coulisse pour un grand rendez-vous au Téat Plein Air de Saint-Gilles. Le 29 mars, ils entreront dans l’arène pour déclamer leur fonnkèr face au public.

Le collège de la Chaloupe a pris part à l’aventure du Kabar Fonnkèr marmay, un concours organisé par le Département. L’objectif, détaker la langue de tout lo band marmay !  

Kriké kraké, band collégiens de la classe de 6ème  1 à Saint-Leu i ça racont a nou in zistoir, zistoir zot quartier i appel la  Shaloup : 

« Mé kisa i koné listwar la Shaloup, parkoman vilaj la i apèl la Shaloup… »

Au tableau, Gaël Velleyen, l’artiste, musicien fonnkèzér qui travaille avec les enfants sur l’écriture de ce texte. Nous sommes au cœur du projet mené par la collectivité en direction des collégiens. Remettre la langue maternelle au cœur de l’expression orale pour permettre aux jeunes de s’exprimer plus facilement. Les séances en langue régionale apparaissent comme des leviers pour le déblocage de la parole. « C’est un projet poussé, abouti parce qu’au bout néna téat Saint-Gilles. L’apprentissage du créole i traine encore la pat. C’est in batay et nous tiembo. Si ou interdit in langue ou interdit lo moun exprimé, ou interdit in peup exprimé ou oblige a li parle in autre langue et ou freine a li en faite. La langue du cœur, c’est pas la langue que nous apprend l’école », explique Gaël Velleyen.

Un travail collaboratif qui donne naissance à une histoire grâce aux différentes propositions des élèves. «Band marmay lé vraiment content de faire parti de cette aventure de Kabar Fonnkèr marmay. Zot lé accompagné par un artiste et c’est ça qui fait plaisir a zot. Dans cette classe, les collégiens i peu koz soit en créole, soit en français. C’est un dispositif qui permet a zot de choisir une option quand zot i rentre en 6ème », précise Audrey Hoarau, professeure créole et français au collège de la Chaloupe.

Une option qui existe depuis quelques années mais qui reste méconnue des parents d’élèves et des élèves eux-mêmes.

« La langue kréol, in richesse pou band marmay »

« Ce concours i inscrit a li dans la démarche entamée depuis quelques temps par le Rectorat qui dit que la langue kréol c’est un atout, c’est une richesse, in zarlor pou lo band marmay », explique Isabelle Testa, chargé de mission académique langues vivantes régionales 1er dégré.

Un partenariat avec l’Académie de La Réunion qui comportent une section Langue Vivante Régionale (LVR) Créole pour cette programmation d’un « Kabar Fonnkèr marmay » avec une restitution à l’occasion du Printemps des poètes. L’objectif est de sensibiliser les élèves à la poésie, d’encourager la lecture de poèmes comme pratique culturelle et de susciter les rencontres entre poètes contemporains et élèves. Un art oratoire qui sollicite l’imaginaire en prenant appui sur la langue et la culture régionale c’est l’ambition du Conseil Départemental. Il s’agit aussi de viser un bilinguisme apaisé et maitrisé. « C’est un peu compliqué d’autant que je ne suis pas née ici mais ça m’intéresse beaucoup. J’aime les artistes et j’aime le théâtre. Parler en kréol, j’aime bien parce que je trouve cet exercice très intéressant », explique Souad. Le Kabar Fonnkèr marmay sera aussi l’occasion de permettre aux élèves et à leurs parents d’accéder à un lieu culturel emblématique.

« Ecrire en kréol une première pour moi mais j’ai hâte de me retrouver au téat », explique Mathis.

Les 10 collèges participant se retrouveront le 29 mars prochain avec leurs binômes de CM2 pour une représentation où tous les participants auront gagné le droit de se retrouver sur la scène mythique du Téat de Saint-Gilles. 

C koué in fonnkèr ?

Le fonnkèr est un état d’âme propre aux réunionnais, qui laisse transparaître un sentiment profond, un amour, un bonheur, une amertume, une émotion, une pensée. Le terme qui dérive du français « fond de cœur » désigne aussi les modes d’expression  qui permettent d’extérioriser cet état d’âme, en particulier la poésie réunionnaise, à tel point qu’il est devenu synonyme de « poème ». Le fonnkèr peut s’exprimer oralement, dans la lignée de la tradition orale réunionnaise, ou par écrit.